L'intégrité de M. Barroso une nouvelle fois mise en question. L'ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est soupçonné de lobbying auprès du vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen. Une coalition d'ONG spécialisées dans la lutte anticorruption, Alter-EU, estime que leur rencontre le 25 octobre 2017 dans un hôtel de Bruxelles, constitue une activité de lobbying.
«Ce que révèle ce rendez-vous, c'est une dérive du lobbying bruxellois qui consiste, pour les lobbyistes, à embaucher d'anciens décideurs publics européens. C'est ce qu'on appelle le pantouflage, ou en anglais, les "revolving doors"»,
commente Tangui Morlier, membre du collectif «Regards Citoyens», qui milite pour un «accès simplifié au fonctionnement de nos institutions démocratiques à partir des informations publiques».
«Ce phénomène consiste, pour des agents publics, à monnayer leur carnet d'adresses et leur connaissance des arcanes des instituons européennes à de grands groupes, en l'occurrence ici une banque américaine, Goldman Sachs.»
Pour Myriam Douo, membre du groupe d'ALTER-EU, la rencontre reprochée à M. Barroso rentre parfaitement dans cette définition. Elle dénonce dans un communiqué
«Un excellent exemple de la façon dont le pantouflage entre la politique et les entreprises profite aux entreprises. M. Barroso a pu organiser une réunion en tête-à-tête avec un commissaire sur simple appel téléphonique», estime Myriam Douo, membre du groupe d'ALTER-EU, dans un communiqué.
Une manière de se hisser plus rapidement au sommet des décideurs publics, créant ainsi une réelle «une rupture d'égalité entre les différents acteurs qui veulent faire valoir leur point de vue auprès de décideurs publics».
«Le cas Barroso en est une belle illustration: une banque américaine peut se permettre d'avoir un accès direct à un commissaire européen, là où une ONG ou de simples citoyens devront attendre de longs mois ou de longues années, pour pouvoir avoir l'oreille de ce commissaire.»
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, lui-même un temps soupçonné d'avoir empêché l'UE de prendre des mesures contre l'évasion fiscale, a volé au secours de son prédécesseur. «Ce n'est rien!», a-t-il déclaré: «Nous n'avons jamais dit que José Manuel Barroso ne pouvait pas rencontrer de commissaires», a de plus souligné M. Juncker mercredi 21 février, ajoutant que ce dernier qui «n'est pas un gangster» avait été inscrit «sur la liste des lobbyistes». La mémoire de Juncker semble lui faire défaut, puisque si Goldman Sachs est inscrite dans le registre de transparence de la Commission européenne, le nom de M. Barroso n'est pas mentionné, a constaté l'AFP.