Réserves et production
Les plus importantes réserves prouvées au monde, 50 trillions de mètres cubes soit près du quart du total mondial, et sa production de 642 milliards de mètres cubes par an permettent à Moscou de répondre à long terme à la demande des consommateurs européens.
Cela étant, selon Alexandre Medvedev, les exportations grandissantes de gaz à destination de pays asiatiques n'empêchent pas Gazprom d'assurer la sécurité énergétique européenne.
«Nous pouvons fournir autant de gaz que nécessaire à l'Europe, même si nous entrons dans un nouveau marché en Chine», a déclaré M.Medvedev.
Ce qui n'est pas le cas du Qatar, compétiteur traditionnel de la Russie en Europe et des États-Unis, «grande puissance gazière autoproclamée», qui disposent de réserves de 24 et 9 trillions de mètres cubes de gaz naturel respectivement pour une production de 181 et 751 milliards de mètres cubes. Les producteurs qatariens et américains de cette ressource préfèreraient les marchés gaziers asiatiques qui se développent plus dynamiquement que ceux des pays européens et absorberaient la majorité des exportations de ces pays, estime le vice-président de Gazprom.
Prix
Selon des chercheurs de l'Académie des sciences de Russie et de l'École des hautes études en sciences économiques de Moscou (EHESE), pour la décennie 2020, le gaz russe, dont le prix serait de près de 160 euros les 1.000 mètres cubes, semble être plus attractif que celui des États-Unis à 200 euros, mais plus cher que le gaz du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, dont le prix ne dépasserait pas les 120 euros les 1.000 mètres cubes.
Deux facteurs principaux déterminent le prix du gaz: le coût de production et celui de l'acheminement. Gazprom évalue son coût de production comme le plus bas du monde, à 20 dollars les 1.000 mètres cubes. Quant au transport, la plus grande partie du gaz russe est transférée par gazoducs. Contrairement au transport du gaz naturel liquéfié (GNL) exporté du Proche-Orient et d'Afrique du Nord, le gaz russe ne demande pas une infrastructure chère de regazéification et n'engendre pas des coûts d'acheminement exorbitant.
Stabilité et sécurité des livraisons
Un gazoduc favorise la conclusion de contrats à longue terme qui assurent la fiabilité des livraisons et renforcent les liens entre l'exportateur et le consommateur. Le marché du GNL est toutefois plus flexible, mais moins stable. Sa dynamique est déterminée par l'équilibre entre l'offre et la demande qui n'est pas très favorable à l'Europe dans un contexte de plus forte croissance économique en Asie.
Si l'idée présentée ci-dessus est plutôt théorique et globale, il y a des facteurs de nature non-économique qui font de la Russie un partenaire plus durable et sûr dans ce domaine. Il s'agit de risques politiques dans les pays exportateurs de gaz et sur les voies d'acheminement.
Depuis 2011, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord sont secoués par des conflits et des crises d'intensité variable. En conséquence, la Russie semble être un des fournisseurs de gaz les plus fiables. De plus, la construction du gazoduc Nord Stream 2 au fond de la mer Baltique, de la Russie vers l'Allemagne, doit diminuer les risques liés à la situation en Ukraine, point faible du transit du gaz russe en Europe, estime le professeur de l'Université d'État du pétrole et du gaz de Moscou, Andreï Konoplyanik.
Par ailleurs, le transport du gaz par pipelines ne dépend pas des conditions météorologiques, de la piraterie et d'autres risques auxquels les cargaisons de GNL peuvent être confrontées.
Toutefois, un point clé reste à souligner. Tous ces facteurs seraient vérifiés si le dialogue entre la Russie et l'Europe était libre de préjugés politiques qui font souvent prendre des décisions irrationnelles et contre-productives.