Maintien de l’ordre: le Défenseur des droits veut-il désarmer la police?

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Alors que de nombreuses situations requièrent l’usage d’armes de force intermédiaire par la police, le Défenseur des droits vient de remettre son rapport sur le maintien de l’ordre. Celui-ci préconise, entre autres, de retirer les flash-balls de la dotation des forces chargées de l’ordre public. Vers une police bientôt désarmée?

«Le but du fonctionnaire de police est de ne pas causer des dommages corporels aux individus. Le but est de simplement maîtriser la personne dans les meilleures conditions possible.»

À nouveau, le Défenseur des droits préconise, dans son rapport sur le maintien de l'ordre remis ce mercredi 10 janvier à François de Rugy, président de l'Assemblée nationale, de retirer les lanceurs de balles de défense de la dotation des forces de l'ordre. Pressentant une levée de boucliers face à ces propositions du Défenseur des droits, François de Rugy a, d'ores et déjà, déclaré que cet avis «n'engage en rien l'Assemblée» qui «pourra apprécier les suites à donner».

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Et pour cause, cette proposition intervient dans une période où la police est régulièrement prise pour cible. On pense notamment aux graves débordements en marge des manifestations contre la loi El-Khomri en 2016 ou encore durant l'exercice de ses fonctions au quotidien dans certaines zones sensibles, comme encore récemment à Champigny-sur-Marne. Quel pourrait être l'impact d'une telle mesure?

Pour Axel Ronde, secrétaire général VIGI-CGT police IDF, retirer cette arme de leur dotation «pourrait les mettre en danger». Cependant, «si cette arme pose problème, il faudra voir s'il n'y a pas une possibilité de la changer, de la modifier. J'imagine que sur le marché de l'armement il y a d'autres armes non létales. Il faudrait peut-être étudier son remplacement par autre chose.» En effet, Axel Ronde reconnaît qu'il peut y avoir quelques problèmes avec les flash-balls:

«C'est vrai que l'on s'est aperçu que sur le lanceur de balles 40 (LDB40) il y avait des dysfonctionnements quand le projectile parcourt une distance importante.»

Et de poursuivre,

«Quand le fonctionnaire (ndlr de police) visait dans des zones non dangereuses, malheureusement, le projectile arrivait en pleine tête […] On l'a vu dans des affaires où des manifestants ont perdu l'usage d'un œil.»

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Pourtant, Axel Ronde concède qu'un retrait définitif du lanceur de balle s'avère délicat. «Actuellement, c'est un peu compliqué, car c'est qu'une arme qui est assez dissuasive et qui est quand même efficace sur le terrain. Sur le maintien de l'ordre, on pourrait peut-être utiliser un peu plus le canon à eau, qui est moins dangereux. Maintenant (ndlr l'utilisation de) la force est toujours dangereuse.» Selon le syndicaliste, des solutions alternatives peuvent être mises en place et pourraient permettre de réduire le risque d'incidents.

«Ça serait toujours effectivement mieux d'essayer de contenir les foules hostiles, l'idée de faire de la "désescalade" pour éviter d'employer la force. C'est vrai qu'il y a des pays européens où ils ont une doctrine là-dessus. Ils préviennent qu'ils vont employer la force avec plusieurs graduations. Il faudrait peut-être réfléchir à ça pour éviter d'aller à l'affrontement.»

De plus, le syndicaliste regrette le manque de formation dans la police nationale, car selon lui «il y a un grave dysfonctionnement dans la formation, que ce soit dans les formations continues ou formations initiales, c'est un gros problème dans la police nationale en général.»

«On a un manque de formation dans tous les domaines. Et pour le lanceur de balle, cette formation initiale, pour nous, est beaucoup trop courte, elle est de quelques heures dans une journée.»

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Une baisse du temps de formation qui peut s'expliquer par une allocation différente des ressources liée à la menace terroriste qui pèse sur la France. Selon Axel Ronde, le risque est de perdre «cette compétence que l'on avait et qui est reconnue dans le monde sur toute la gestion du maintien de l'ordre. On est en train de perdre un peu cette spécificité.»

«On a tendance, actuellement, depuis deux, trois ans à avoir accentué la formation sur l'antiterrorisme. On perd peut-être sur les violences urbaines, sur toute cette partie du maintien de l'ordre que l'on peut avoir. Et pas simplement sur les manifestations, ça peut être aussi des violences urbaines à certains endroits.»

Néanmoins, certaines situations requièrent l'usage de ces armes de force intermédiaires.

«Forcément, au vu de la radicalisation de certains mouvements dans les manifestations, nous sommes obligés d'avoir un armement pour nous défendre.»

Et de conclure,

«Il faudrait peut-être aussi voir en amont, à écouter certaines populations qui ont tendance à se révolter […] il faudrait peut-être essayer de dialoguer en permanence, mais c'est le rôle du gouvernement, ce n'est plus du ressort de la police nationale.»

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