Le Guatemala a annoncé ce 24 décembre le transfert de son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnaissant de facto la cité trois fois Sainte comme capitale de l'État d'Israël. Cette décision n'est qu'une étape supplémentaire dans le dossier qu'a ouvert Donald Trump le 6 décembre dernier. En effet, le Président américain, après en avoir fait une promesse de campagne, a annoncé qu'il mettrait en application le «Jerusalem Embassy Act», faisant plaisir à ses principaux alliés dans la région et à ses soutiens américains.
Mais à l'heure où le Guatemala fait part de sa décision, ce résultat est à décortiquer pour anticiper les répercussions réelles de cette affaire à court et moyen terme.
Alors qu'ils avaient menacé les pays qui voteraient pour cette résolution, les États-Unis ont finalement étaient rejoints par, outre Israël, le Honduras, les îles Marshall, la Micronésie, Nauru, Palau et le Togo. À l'instar du Guatemala, ces pays ne feront pas monter les tensions dans ce dossier s'ils reconnaissent Jérusalem comme capitale d'Israël.
La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères a profité de l'annonce guatémaltèque pour déclarer: «nous sommes en contact avec au moins dix pays, dont certains en Europe». À la lecture du vote, là encore, on n'envisage pas qu'un pays qui a un poids important dans la géopolitique mondiale alimente une possible escalade.
On constate cependant que l'Australie, le Mexique et le Canada font partie de 35 abstentionnistes, tout comme certains pays membres de l'Union européenne, tels que la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. Sans minimiser le choix souverain que pourrait prendre ces pays, les répercussions seraient relatives, parce qu'ils agissent principalement en tant qu'alliés des États-Unis et/ou d'Israël dans ce dossier, mais ne sont pas des acteurs de premier ordre au Proche et Moyen-Orient et notamment dans le conflit israélo-palestinien.
Si les pays en faveur de la décision américaine ne peuvent réellement envenimer la situation actuelle, déjà assez tendue, une alliance des 128 pays pourrait peser dans ce dossier si elle était accompagnée d'actions et non de simples déclarations. En analysant ce groupe important de pays ayant voté pour la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU, on peut s'interroger sur la nature de l'opposition à la décision américaine. En effet, on pourrait distinguer trois catégories: les alignés aux solutions onusiennes (statu quo pour Jérusalem et deux États distincts), les opposants farouches et ceux qu'ils le sont qu'en apparence.
Les deux autres groupes réunissent principalement les pays musulmans. Mais il convient de faire une distinction avant d'imaginer qu'ils vont tous se liguer contre Israël et que les Proche et Moyen-Orient vont véritablement s'enflammer autour de la question de Jérusalem capitale d'Israël.
À la suite de l'annonce de Donald Trump, l'autorité palestinienne avait vu l'ensemble des pays arabes prendre position contre la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Si ces déclarations officielles mettaient en perspective la naissance d'une opposition qui pourrait avoir de graves répercussions, la communauté internationale a pu l'envisager après le sommet de l'Organisation de Coopération Islamique (OCI). En effet, à l'exemple du Président turc Recep Tayyip Erdogan, les membres de l'OCI ont condamné la décision américaine, reconnu Jérusalem-Est capitale de la Palestine et ont appelé tous les autres pays à faire de même. Le dernier vote de l'Assemblée générale confirme cette idée d'union des pays musulmans. Mais n'est-elle pas une simple image, une façade?
Si à l'instar de leurs voisins, ces pays de la péninsule arabique ont réagi à la décision de Donald Trump, leur rapprochement avec Israël pèse davantage que le soutien réel qu'il pourrait apporter à la cause palestinienne. L'Arabie saoudite voit davantage l'Iran comme l'ennemi numéro Un dans la région, tout comme Israël, qui craint l'hégémonie de la République islamique au Moyen-Orient. L'union entre musulmans n'existe pas dans ce dossier, pas plus que celle des pays arabes.
L'ONU a beau s'exprimer, l'OCI, le Pape aussi, le nombre de Palestiniens morts depuis le 6 décembre a beau s'élever à 12, les tensions sont contenues. Et sans acte posé, sans ambassade transférée, la surenchère dans ce dossier est plus artificielle et médiatique que réelle.