On les appelle les «veuves noires», en référence à la burqa qui les recouvre entièrement… et à leur activité terroriste. C'est l'un de ces réseaux djihadistes féminins que les services de renseignements allemands ont déclaré avoir identifié et démantelé mardi 26 décembre.
Composé d'une quarantaine de femmes, il était implanté en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le länder le plus peuplé d'Allemagne. Burkhard Freier, chef de l'Office fédéral de protection de la Constitution de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (BfV, services de renseignements intérieurs allemands), a déclaré au Frankfurter Allgemeine Zeitung que le réseau démantelé suivait la doctrine salafiste: des règles strictes encadraient l'éducation d'enfants et les habitudes culinaires, leur interprétation de l'Islam attisant la haine contre ceux qu'ils qualifiaient de «non-croyants».
Maher Fargali, un expert égyptien des groupes islamistes, a récemment commenté pour Sputnik la mutation du rôle des femmes islamistes, qui au départ étaient généralement utilisées pour attirer des jeunes dans les rangs des djihadistes.
«Les femmes dans les groupes terroristes s'occupent maintenant de la récolte de l'argent. Dans certaines organisations, comme, par exemple, "Les Frères musulmans", elles ont le droit de vote lors des élections au sein de l'organisation», explique-t-il.
Mais les femmes salafistes n'ont pas pour autant abandonné leur vocation d'endoctrinement des enfants dès leur plus jeune âge.
«Le salafisme est devenu une affaire de famille, affirme Burkhard Freier, les hommes ont remarqué que les femmes peuvent mieux travailler en réseau et sont donc plus capables d'élargir la scène et de la garder active.»
Et le danger terroriste n'épargne aucun pays européen. On se rappelle qu'en août dernier, Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, donnait des chiffres précis: à cette date, 217 majeurs et 54 mineurs seraient rentrés en France des zones de combats d'Irak et de Syrie. À l'époque, l'ancien chef de groupe antiterroriste Jacques Poinas expliquait à Sputnik qu'un certain nombre de ces 271 djihadistes rentrés en France pourraient constituer une menace terroriste pour le pays.
«Sur 217 personnes, il y a 10% de femmes. Il est difficile de savoir qui sont les 54 mineurs dénombrés parce que ce chiffre englobe les mineurs capables de combattre, et même les enfants en bas âge nés là-bas qui ne sont pas des combattants.»
Ainsi, des réseaux de femmes salafistes pourraient s'appuyer sur un certain nombre de personnes déjà initiées au combat armé.
L'inquiétude ne s'estompe ni en France, ni en Allemagne, où récemment Hans-Georg Maassen, directeur d'Office fédéral de protection de la constitution (BfV), a faisait part de sa préoccupation:
«S'il s'agit de ressortissants allemands, ils ont le droit d'entrer sur le territoire de la République fédérale. Certains enfants ont eu le cerveau lavé dans les soi-disant écoles de Daech, ce qui a contribué à leur radicalisation. Cela nous pose un problème, car ces enfants et ces adolescents peuvent parfois être dangereux.»
Alors que pour beaucoup d'entre elles, leurs maris sont morts ou détenus, combien d'entre-elles sont-elles prêtes à poursuivre en Europe le combat entamé au Levant?