Malgré le mythe savamment entretenu par ceux qui veulent démontrer leurs qualités surhumaines, il serait d'intérêt public de calmer les ardeurs hostiles au repos de certains. Il est en effet presque inhumain de culpabiliser ceux qui préservent, à juste raison, leur santé en effectuant des nuits normales. Mieux encore, d'après le somnologue Docteur Karin Atroun, le sommeil «régulé» peut être un remède à certaines affections.
«Il y a une interaction très étroite entre le sommeil et l'obésité, précise docteur Atroun, les insomniaques qui dorment moins de 6 heures ont une prévalence de maladies cardiovasculaires importante.»
En fait, le grand responsable de ces risques est un phénomène d'apnée, ces pauses respiratoires qui durent plus de 10 secondes.
«On sait que les personnes qui dorment mal font moins de stades de sommeil profond, explique le Dr Atroun. Nous pensons qu'il y a un lien direct entre le métabolisme et le sommeil… la production de certaines hormones régule la satiété et la faim. Même une personne "à apport de calorique constant", quand elle dort peu ou elle dort mal, a tendance à grossir.»
D'un point de vue plus scientifique, d'après Karim Atroun, «il y a un cercle vicieux entre l'obésité et les troubles du sommeil qui vont entretenir cette obésité.» Et mis à part les axes traditionnels de ce combat, tels que la diététique, l'alimentation saine, l'exclusion de la «malbouffe» ou encore la lutte contre la sédentarité, les médecins actuels choisissent de travailler sur une plateforme pluridisciplinaire, qui englobe également la somnologie.
«Le sommeil devrait être un axe de santé publique, s'exclame le docteur. Ce qui n'est pas le cas dans de nombreux pays, y compris en France. Dans les dernières projections politiques sanitaires, le sommeil ne fait pas partie de priorités, alors que ça impacte forcément la santé des patients.»
Effectivement, traiter les problèmes d'AVC, d'hypertension résistante, d'infarctus du myocarde et d'autres maladies graves, en incluant la régulation du sommeil permettrait de faire des économies, même au niveau macroéconomique. Par exemple, les patients qui souffrent d'hypertension résistante sont sous trois traitements. Et les cardiologues sont en train de chercher le quatrième traitement, en parlant rarement de l'apnée qui est à l'origine de la maladie. Si on la traite, le problème est résolu avec moins de moyens.
«L'objectif du congrès, c'est de démocratiser la discipline en Russie, d'informer les médecins et les patients, ainsi que de sensibiliser les responsables et les tuteurs,» précise Dr Atroun.
Alors, vous êtes en surpoids, si vous êtes fatigué dans la journée et que vous ronflez, voilà trois bonnes raisons d'aller voir le somnologue. Et cela vous sauvera peut-être la vie!