«Chez l'électeur frontiste, le charisme du chef a une importance particulière. On est très attaché à la personne du chef de l'État et au fait que sa fonction doit incarner réellement ce qu'elle signifie, c'est-à-dire le chef de l'État.»
Frédéric Saint-Clair, politologue, révèle à Sputnik la première raison pour laquelle la popularité d'Emmanuel Macron est en forte hausse (+14 points) chez les sympathisants du Front national. C'est en effet l'un des enseignements surprenants de la dernière enquête mensuelle BVA-La Tribune-Orange, parue ce 20 décembre. Frédéric Saint-Clair revient sur le timing de ce gain de popularité:
«Je pense qu'il y a eu une large part d'incertitude au moment de l'élection d'Emmanuel Macron. […] Et puis, il y a eu un basculement qui s'est opéré depuis l'été […, où il, ndlr] a su renverser cette impression d'horizontalité, d'absence d'autorité qu'il avait donnée pendant la campagne présidentielle pour affirmer au contraire une forme de verticalité, de responsabilité […] Je pense que le fait de s'emparer des affaires régaliennes, comme il le fait, est plutôt bien perçu par l'opinion.»
Et il ajoute:
«La droite est historiquement plus sensible aux questions de sécurité, d'immigration, d'identité nationale et pour l'extrême droite, cela est particulièrement vrai. […] Il y a un infléchissement progressif, que l'arrivée aux responsabilités et la confrontation avec la réalité de son éthique de conviction en une éthique de responsabilité. […] Sur ces sujets régaliens, ce durcissement s'est fait sentir.»
«cela ne permettra pas de renverser la balance et de faire d'Emmanuel Macron une figure appréciée, à mon avis, à l'extrême droite. Mais je pense qu'il y a sensiblement un changement d'image du Président de la République qui est en train de s'opérer en ce moment.»
S'il considère qu'«un certain nombre de figures de l'exécutif» comme Jean-Michel Blanquer et Gérard Collomb peuvent contribuer à redorer l'image du chef de l'État, il n'envisage pas que cette progression pour le deuxième mois consécutif de la cote de popularité d'Emmanuel Macron s'inscrive dans la durée:
«Non, bien évidemment pas. Emmanuel Macron sera rattrapé par un certain nombre d'éléments. Les réalités sur les sujets où il gagne en popularité (raisons indiquées par cette enquête) vont se rappeler à lui. Il bénéficie d'une pause dans les attentats terroristes. Le prochain attentat va mettre en cause une partie de son discours. […] Le réel va le rattraper.»