«Mais aujourd'hui, nous reconnaissons enfin l'évidence: que Jérusalem est la capitale d'Israël. Ce n'est rien de plus, ou moins, qu'une reconnaissance de la réalité. C'est aussi la bonne chose à faire. C'est quelque chose qui doit être faite», avait-il déclaré le 6 décembre dernier à la Maison-Blanche devant les journalistes.
Cependant, il est nécessaire de lire toute sa déclaration pour tenter de se faire une idée précise de sa portée politique et stratégique.
En effet, dans le paragraphe qui suit directement celui où il annonce que Jérusalem est désormais la capitale d'Israël, le Président américain précise tout de suite que:
«En faisant ces annonces, je tiens également à faire ressortir un point très clair: cette décision ne vise en aucune façon à rompre avec notre ferme engagement à faciliter un accord de paix durable. Nous voulons un accord qui soit grand pour les Israéliens et grand pour les Palestiniens. Nous ne prenons pas position sur les questions de statut final, y compris les limites spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem, ou la résolution des frontières contestées. Ces questions sont laissées aux parties impliquées».
Rappelons que ce qui a fait échoué les dernières négociations de Camp David, en juillet 2000, entre Yasser Arafat et Ehud Barak sous le parrainage de l'ancien Président américain Bill Clinton, c'est justement le statut final de Jérusalem, la question des frontières et le statut de la mosquée al-Aqsa. Toutefois, sur ce dernier point, Donald Trump affirme:
«En attendant, j'appelle toutes les parties à maintenir le statu quo dans les lieux saints de Jérusalem, y compris le mont du Temple, également connu sous le nom de Haram al-Sharif».
Alors qu'elle aurait pu être la motivation de Donald Trump? Cherchait-il, en reconnaissant Jérusalem, à relancer le processus de paix qui est au point mort depuis 2011.
Et pour finir, tout en espérant dans son discours que la région connaisse la paix et le développement en particulier pour les jeunes générations, le Président américain a fermement réitéré l'engagement de son pays pour une solution négociée entre Palestiniens et Israéliens.
Il déclare: «Les États-Unis demeurent profondément engagés à faciliter la conclusion d'un accord de paix acceptable pour les deux parties. J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à forger un tel accord. Sans aucun doute, Jérusalem est l'une des questions les plus sensibles de ces pourparlers. Les États-Unis seraient favorables à une solution à deux États si les deux parties étaient d'accord».
Les positions chinoise et russe soutiennent aussi le principe de relancer les pourparlers de paix. Vladimir Poutine dans sa conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a déclaré:
«La Russie et l'Égypte prônent la reprise urgente du dialogue direct palestino-israélien sur toutes les questions litigieuses, y compris sur le statut de Jérusalem […]. Ces ententes doivent correspondre aux décisions déjà prises par la communauté internationale. La Russie soutient toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité de l'Onu à ce sujet».
Nikki Haley, ambassadrice américaine aux Nations unies, a d'ailleurs confirmé la direction donnée par son Président.
«En ce qui concerne les mécontents, nous savions que cela allait se produire. Mais le courage en est l'origine. Lorsque vous prenez une décision, vous voyez certains la considérer négativement et certains la considérer positivement», a défendu Mme Haley.
«Maintenant, ils [Israéliens et Palestiniens, ndlr] peuvent se réunir pour décider ce que seront les frontières, c'est à eux de décider les limites et il leur appartient de discuter de ce qu'ils veulent que Jérusalem devienne», a poursuivi l'ambassadrice. «Nous n'avons pas parlé des limites ni des frontières pour une raison. C'est parce que peu importe ce qu'est Jérusalem-Est, ou une quelconque autre région, c'est entre les Palestiniens et les Israéliens», a-t-elle conclu.
Dans une autre déclaration elle a affirmé: «Nos actions visent à faire progresser la cause de la paix».
Toutefois, des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans les rues dimanche au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde pour protester contre la décision de M.Trump.
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