«On va dire que c'était une radicalisation cinématographique.» C'est l'explication d'Omar C., lors de son jugement au tribunal pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Mais comment ce jeune algérien de 20 ans qui faisait des vidéos humoristiques sur YouTube est-il tombé sous l'influence de Daech?
Tout dérape le jour où Omar C. décide de créer une nouvelle vidéo «Mamadou Segpa rejoint Daesh». Par excès de professionnalisme probablement, le jeune Youtubeur de 20 ans cherche «par curiosité» de vraies images de jihadistes. Il se fait passer pour un terroriste sur les réseaux sociaux en utilisant plusieurs faux comptes et noue des contacts avec la «jihadosphère», plus particulièrement Rachid Kassim, considéré comme un des principaux recruteurs de Daech.
Néanmoins, l'histoire prend une tournure dramatique lorsque la DGSI perquisitionne, le 24 juillet 2016, le domicile du youtubeur, qui était surveillé pour radicalisation. Les enquêteurs y découvrent une multitude de documents de propagande djihadiste: 11.000 photos, 257 fichiers audio et 163 vidéos, dont une qui annonce «une attaque dévastatrice qui va bouleverser le cœur des mécréants». Une attaque qui s'avérera être celle de l'assassinat, le 26 juillet 2016, du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Omar C., un jeune sans histoire, vivant avec sa mère à Mantes-la-Jolie (77), passionné de jeux vidéo (Call of Duty) et de réseaux sociaux, avait pourtant projeté de s'installer en Syrie pour «travailler dans la vidéo.» Désormais, le youtubeur «culpabilise», car il estime que «si j'avais dénoncé cette vidéo à la police, peut-être que le prêtre serait encore en vie.»
Vendredi soir, il a été condamné à 5 ans de prison assortis d'un suivi sociojudiciaire de cinq ans. Malgré des faits «d'une gravité évidente», le tribunal s'est dit «confiant» quant à sa «prise de conscience.»