La Syrie, située au carrefour de l'Europe, de l'Asie et de la Méditerranée, pourrait être un hub de transport régional, mais aussi international. Pour cela, elle doit être intégrée aux systèmes de transports entre la Chine et l'Europe, notamment dans le projet de nouvelle route de la soie, aussi appelé Initiative route et ceinture.
Manifestement, les États qui prendront part à ces projets d'infrastructure en Syrie, et dans la région en général, seront les principaux bénéficiaires de ces réalisations.
Dans ce contexte, les relations avec Damas et les pays voisins jouent un rôle prépondérant. La Russie, très présente en Syrie, pourrait restaurer une partie du réseau. Moscou a également des relations fortes et constructives avec Téhéran, puissance régionale politique clé dans la région.
Cela étant, la partie russe réalise déjà des projets ferroviaires en Iran. Ceux-ci peuvent devenir des éléments du futur réseau intercontinental.
Déjà en 2008, les directeurs de la Compagnie des chemins de fer russes (RZD) et des Chemins de fer de la république islamique d'Iran (IR), les opérateurs ferroviaires des deux pays, avaient signé un contrat d'électrification de la ligne Tabriz-Azarshahr, dans le nord-ouest de l'Iran. Le projet a été réalisé en 2012. Malgré sa petite taille, la ligne faisant près de 50 kilomètres, elle a permis à Moscou de participer à des projets plus ambitieux en Iran.
Actuellement, selon RZD, Moscou et Téhéran négocient sur la construction du chemin de fer entre la ville de Rasht, au nord-ouest de l'Iran, et Astara à la frontière irano-azerbaïdjanaise, dont la longueur serait de 170 kilomètres et la capacité de trafic estimée à entre 10 et 15 millions de tonnes.
La réalisation de ce projet vise à renforcer le corridor de transport international «Nord-Sud» connectant l'Europe et l'Inde via la Russie, l'Azerbaïdjan et l'Iran. Elle diviserait le coût de transport par deux par rapport au chemin traditionnel à travers le Canal de Suez. La Syrie figure parmi les participants à ce corridor international.
L'ajout de ces projets existants aux futurs projets en Iran acterait la formation d'un nœud ferroviaire est-ouest et nord-sud dans la région. Ce réseau est potentiellement attractif pour les acteurs internationaux du transport.
Le poids de l'Iran et de la Syrie, comme éléments de la nouvelle route de la soie au Proche-Orient, grandit aussi dans le contexte du lancement de la ligne Bakou-Tbilissi-Kars (BTK) reliant l'Azerbaïdjan et la Turquie en passant par la Géorgie. Les dirigeants de ces pays voient ce projet comme un pont entre l'Europe et l'Asie.
«Nous annoncerons la création d'un trafic ferroviaire de Londres à la Chine», a déclaré le Président turc Recep Tayyip Erdogan lors de la cérémonie d'inauguration du BTK.
Ceci dit, l'intégration possible du BTK à l'axe de transport international «Nord-Sud», auquel Moscou prendrait part, permettrait à des projets réalisés par la Russie de complémenter le BTK.
Néanmoins, l'incorporation du système de chemins de fer syrien à des projets de transport régionaux et internationaux nécessite la stabilité du pays. La restauration du réseau ferroviaire de la Syrie exigera plus de quatre milliards d'euros, selon le ministre syrien des Transports. Mais les investisseurs n'aiment pas le risque.
En tout cas, les projets ferroviaires en Iran avec une participation russe permettent une flexibilité des formats régionaux et internationaux de transport.
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