«Apparemment, l'armée a pris le pouvoir, contrôlant la radio et les bâtiments principaux. Aux dernières nouvelles, le Président Mugabe serait retenu chez lui, avec son épouse. Il a parlé au téléphone avec le Président sud-africain», a-t-il expliqué, tout en soulignant que «L'armée affirme ne pas vouloir garder le pouvoir mais vouloir remettre les choses sur le bon chemin».
En cela, le Président Mugabe, «sénile», n'est en réalité pas partie dans le conflit, alors que son épouse et son groupe ont poussé le bouchon trop loin, a-t-il affirmé: «Elle lui a fait démettre le vice-Président Mnangagwa, pensant écarter celui-ci qui reste le successeur probable, en sa faveur».
Cependant, sa femme a manifestement sous-estimé l'hostilité à son égard non seulement de la population dans son ensemble mais aussi de l'armée, a poursuivi M.Lafon.
«C'est pour l'instant seulement une crise de succession ou une révolution de palais. On ne sache pas que la population manifeste.»
Le vice-Président Mnangagwa ne compte pas de son côté supprimer le parti du Président, la ZANU-PF, et pourrait d'ailleurs «recoller, au moins en partie, les morceaux», selon le spécialiste.
Pour M.Lafon, il est peu probable que la crise entraîne une ingérence étrangère:
«Je ne crois pas. Mais l'Afrique du Sud observe attentivement. On ne dit pas que d'autres puissances aient une main, même si les évènements ne sont sans doute pas pour déplaire aux Britanniques notamment.»
À l'heure actuelle, les opérations se déroulent exclusivement dans la capitale, Harare, mais la situation pourrait certes dégénérer:
«Je pense que la population n'est pas menacée, peut-être seulement les soutiens trop proches de Grace Mugabe», a résumé M.Lafon, ajoutant que «l'armée va tenter de calmer le jeu, annonçant la tenue prochaine d'élections, ils ont déjà avancé la tenue du prochain congrès du ZANU, et un gouvernement de gestion des affaires courantes en attendant.»
Des soldats zimbabwéens ainsi que des véhicules blindés ont bloqué les routes menant aux principaux bâtiments gouvernementaux, au parlement et aux tribunaux dans le centre de Harare, la capitale du pays, selon Reuters.