Après la promesse de Pékin d'entrouvrir son secteur financier, une levée des restrictions qu'attendaient depuis longtemps Bruxelles et Washington, on dirait que Donald Trump n'est pas reparti les mains vides de Chine. Mais on ne prend pas de telles décisions du jour au lendemain, a déclaré à Sputnik Xu Feibiao, de l'Institut de l'économie mondiale à l'Académie chinoise des relations internationales contemporaines.
«Soucieuse de la stabilité financière, la Chine avait autrefois imposé toute une série de restrictions en la matière. […] Aussi, cette annonce a-t-elle été pour beaucoup une surprise. En réalité, il s'agissait depuis longtemps, notamment lors du précédent congrès du Parti communiste chinois (PCC), de la nécessité de réformer le secteur financier pour le rendre plus ouvert», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'expliquer qu'avec la croissance de l'influence de l'économie chinoise et l'internationalisation du yuan, ainsi que compte tenu de l'achèvement pour la Chine de la période de transition vers l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), le pays ne pouvait tout simplement plus rester à l'écart.
«Somme toute, il s'agissait d'une barrière qui limitait fortement l'activité des banques étrangères sur le gigantesque marché chinois», a constaté M.Xu.
En effet, le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao, a annoncé un assouplissement tous azimuts du secteur financier, marquant une volonté inédite de la Chine à «ouvrir son économie».
Jusqu'à présent, les entreprises étrangères actives dans le courtage, la gestion d'actifs ou le négoce de contrats à terme étaient obligées de mettre en place des coentreprises en Chine avec une participation maximale de 49%. Ce plafond devrait être désormais porté à 51% et pourrait être supprimé dans trois ans. Cette levée des restrictions touche aussi le secteur de l'assurance-vie où la limite de participation sera étendue à 51% à l'horizon 2020.
Par ailleurs, les règlements qui empêchent actuellement les acteurs étrangers de posséder des participations majoritaires dans les banques «seront supprimés», a promis Zhu Guangyao, sans toutefois préciser de calendrier. Jusqu'à présent, un investisseur étranger ne pouvait posséder plus de 20% du capital d'une banque active en Chine et un établissement ne pouvait avoir au total plus d'un quart de son capital détenu par des acteurs étrangers.
«C'est sans doute la plus importante concession consentie par la Chine depuis son adhésion à l'OMC en 2001», a conclu Xu Feibiao.
Les spécialistes signalent en outre que, malgré les risques encourus, l'internationalisation du yuan offre incontestablement beaucoup d'avantages et c'est la raison pour laquelle Chine poursuivra dans cette voie, en lançant notamment des contrats à terme sur le pétrole brut libellés en yuans, un pas de plus sur la voie de l'internationalisation de la monnaie chinoise.