Oppression des médias russes aux USA: Moscou prépare la riposte

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Le Comité du Conseil de la Fédération pour la politique d’information et la coopération avec les médias a examiné les mesures de riposte potentielles contre les médias américains travaillant en Russie, après la décision du Congrès américain de permettre aux opérateurs nationaux de renoncer à transmettre des «contenus publics russes».

Le Conseil n'exclut pas que Moscou puisse limiter les activités des médias étrangers en privant leurs collaborateurs d'accréditations et de la possibilité de contacter les représentants publics, écrit le site de la chaîne Russia Today (RT). Le Service fédéral de supervision des communications, des technologies d'information et des médias (Roskomnadzor) a annoncé qu'il avait en sa possession tous les moyens nécessaires pour une riposte plus ferme. Le ministère des Affaires étrangères a quant à lui promis de protéger les médias russes et notamment RT contre les attaques de Washington.

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Le Comité du Conseil de la Fédération pour la politique d'information et la coopération avec les médias a tenu une réunion sur le thème «Attaques et pression sur les médias russes aux États-Unis», après l'adoption par le Congrès américain d'un texte permettant aux opérateurs de télévision nationaux de rompre leurs contrats avec les chaînes qui transmettent des contenus créés «aux frais du gouvernement russe».

Dans ce contexte, les participants à la réunion au Conseil de la Fédération ont évoqué des réponses possibles aux limitations introduites par Washington.

Ainsi, Alexeï Pouchkov, président du comité, a indiqué que les médias américains qui travaillent en Russie et font preuve d'une attitude ouvertement antirusse pourraient être privés du droit de s'accréditer auprès des institutions publiques et de s'entretenir avec les représentants publics russes.

«La Russie acceptera certainement ce défi car il est tout simplement impossible de l'éviter. La stratégie minimale est de suivre les mesures restrictives introduites contre les médias russes et d'y réagir. Nous ne choisissons pas la fermeture, les interdictions, les évictions etc., mais nous répondrons aux actions lancées contre nos médias», a souligné le sénateur.

«S'il existe un média qui vise absolument la désinformation, la violation des principes d'objectivité et d'impartialité nécessaires, (…) il mérite une attention particulière. Cela concerne notamment nos vieux amis de La Voix de l'Amérique», a-t-il ajouté.

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Concernant les activités de RT, Alexeï Pouchkov a ajouté que Washington considérait la chaîne russe comme un élément perturbant le point de vue officiel que les USA imposent sur les événements dans le monde.

«Selon eux, les activités de RT violent leur monopole d'information. Ils les considèrent donc comme un acte de guerre de la part de la Russie», estime-t-il.

D'après Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT et de Sputnik, les attaques contre la chaîne aux États-Unis sont déjà omniprésentes: les législateurs américains ont recours à des ruses différentes pour limiter son travail.

«Il s'agit d'un effet d'avalanche… Le Congrès a été saisi d'un projet de loi indiquant que nos distributeurs américains, c'est-à-dire les réseaux du câble assurant notre couverture, devaient avoir le droit de renoncer à travailler avec nous sans aucune répercussion», a-t-elle souligné.

«La campagne contre RT a été lancée il y a très longtemps»

Par ailleurs, Roskomnadzor affirme avoir tous les moyens nécessaires pour renforcer le contrôle des médias étrangers sur le territoire russe.

«Les mécanismes nécessaires dans le domaine du contrôle public existent déjà et on pourrait y avoir recours si besoin. Si l'on décidait d'adopter une riposte plus ferme, à mon avis, les personnes morales russes tiendraient compte de la position de la société et de la situation politique en général, et adopteraient la décision demandée par la société», affirme Tatiana Deniskina, chef du Département de Roskomnadzor pour le règlement, le contrôle et la surveillance des communications de masse.

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«La campagne contre RT a été lancée il y très longtemps. On a entendu des déclarations de beaucoup de personnalités, allant de John Kerry à l'ancien ministre britannique de la Défense», fait remarquer Alexeï Pouchkov.

L'avertissement aux réseaux sociaux

Selon lui, la campagne contre RT a également impliqué les compagnies internet Google, Facebook ou encore Twitter. Le sénateur souligne qu'aucune de ces entreprises ne veut pourtant perdre le marché russe.

«A mon avis, la décision de Twitter de renoncer à la publicité de RT est une tentative de répondre à la pression de la part des pouvoirs américains, ainsi qu'une démonstration de sa réticence à quitter le marché russe. Il a dû adopter une certaine mesure de riposte pour provoquer une indignation juste de notre part, mais il ne s'agit pas d'une tentative de dire «adieu» au marché russe. C'est pourquoi, il ne nous faut pas sous-estimer notre attractivité du point de vue du marché des ressources d'information», indique Alexeï Pouchkov.

Dans ce contexte, il a lancé un avertissement à Google et à Facebook pour que l'administration des réseaux sociaux n'introduise pas encore plus de limitations pour les médias russes et notamment RT.

«Google et Facebook doivent faire preuve de prudence. S'ils adoptaient des mesures restrictives violentes, nos organes de contrôle devraient avoir assez d'outils pour les faire revenir à la raison», assure le sénateur.

Le suivisme britannique

Les tentatives de faire taire RT sont entreprises non seulement aux États-Unis, mais aussi en Grande Bretagne, a indiqué le directeur général de la chaîne Alexeï Nikolov lors d'une réunion au Conseil de la Fédération.

«Au Royaume-Uni, nous sommes officiellement sous le règlement de l'Ofcom qui est un régulateur équivalent à notre Roskomnadzor, mais beaucoup plus sévère. (…) Plus notre popularité grandit, plus le nombre de plaintes contre nous augmente», souligne le directeur général de la chaîne.

Il constate notamment que de nombreuses plaintes contiennent des formules très similaires, bien qu'elles proviennent d'adresses différentes.

«Dans tous les cas, notre position est pour le moment très bonne malgré ce qu'en disent certains de nos chers amis (à l'étranger ou en Russie). Depuis pratiquement 12 ans, nous n'avons obtenu de la part d'Ofcom aucun avertissement qu'on pourrait considérer comme une «sanction», indique Alexeï Nikolov.

Selon lui, les sanctions sont comparables aux cartons jaunes en football qui, en s'accumulant, se transforment en carton rouge. Ce dernier signifie l'adoption de mesures plus fermes allant jusqu'à la fermeture d'un média.

«Aujourd'hui, on constate une pression officieuse. On peut citer notamment les propos de Boris Johnson, qui a considéré la participation des travaillistes aux émissions de RT comme une honte», ajoute-t-il.
Selon lui, tout ce brouhaha d'information et notamment les critiques de la part de Hillary Clinton ne font que populariser RT.

«Le nombre de liens et de mentions de RT… Même ceux qui ignoraient notre existence nous connaissent maintenant grâce à Hillary!», résume-t-il.

Le ministère des Affaires étrangères prendra des mesures

Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a promis de protéger les intérêts des médias russes aux États-Unis.

«Nous adopterons des mesures appropriées dans tous les cas liés à la pression ou à la persécution des médias russes aux États-Unis. (…) Tout cela sera élaboré en tenant compte du développement de la situation autour des médias russes», a-t-elle souligné en conférence de presse.

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Le Congrès américain a adopté le 9 novembre son budget militaire pour l'année fiscale 2018. Ce texte comprend notamment un article permettant aux opérateurs américains de renoncer à diffuser les contenus vidéos «produits aux frais du gouvernement russe». Il les a également dispensé de leur responsabilité pour la rupture des contrats avec les chaînes présentant de tels contenus.

Dans ce contexte, Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, a déclaré que si cette tendance se poursuivait le mot «Russie» pourrait bientôt être interdit aux États-Unis.

«L'étape suivante serait d'interdire l'usage du mot «Russie». On dira par exemple «ce pays» lors des émissions», a-t-elle écrit sur Twitter.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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