Il ne serait tout simplement pas logique si la Croatie, membre de l'UE et de l'Otan, devenait un pont entre la Russie et l'Occident, a déclaré à Sputnik le politologue serbe Dragomir Andjelkovic.
«Dans un tel cas de figure, un conflit d'intérêts ne serait pas à exclure, et il serait pour le moins difficile de s'attendre à ce que Zagreb puisse être un médiateur impartial. Par contre, Belgrade y serait beaucoup mieux placé, la Russie et la Serbie entretenant des relations de partenariat stratégique», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que la Serbie ne faisait que se préparer à l'adhésion à l'Union européenne, tout en entretenant des rapports corrects avec l'Otan.
«Somme toute, Belgrade se trouve entre la Russie et l'Occident», a résumé M.Andjelkovic.
Il a par ailleurs tenu à ajouter que la Serbie refusait toujours d'introduire des sanctions antirusses, en s'attirant par là des critiques.
«Si la Russie acceptait qu'un État membre de l'Otan serve de médiateur dans ses relations avec l'Occident, elle laisserait entendre à des pays, tels que la Serbie, qu'observer une neutralité n'est pas du tout un avantage», a conclu le politologue.
À ce jour, la Croatie n'est pas un leader régional, et d'autant plus international, a indiqué à Sputnik Irina Roudneva, du Centre d'étude de la crise balkanique actuelle, estimant que Zagreb ne pouvait tout bonnement pas prétendre au rôle de médiateur.
«Il n'est pas non plus à oublier que la Croatie développe de façon très intense ses rapports avec l'Ukraine, dont certains politiciens se proposent même d'utiliser l'expérience croate [l'opération Tempête, ndlr] pour la réintégration du Donbass», a-t-elle souligné.
Selon Mme Roudneva, il est toutefois fort significatif que la Présidente d'un pays qui suit fidèlement la politique européenne, qui a vite rallié la rhétorique et les sanctions antirusses, soit venue en Russie pour une visite de trois jours.
«Le fait que de petits pays de l'UE commencent à se comporter ainsi prouve que l'état des choses dans les relations entre Moscou et Bruxelles change», a résumé l'interlocutrice de Sputnik.