Qui plus est, le déplacement de la Présidente Kolinda Grabar-Kitarović, dans le cadre duquel elle s’est entretenue avec son homologue russe, Vladimir Poutine, mais aussi avec la Présidente du Conseil de la Fédération (sénat russe) et le patriarche Cyrille, a coïncidé avec un forum consacré à la coopération économique russo-croate, événement qui a attiré quelque 150 hommes d’affaires de ce pays des Balkans, explique-t-on dans l’éditorial. L’envergure de cette visite est-elle annonciatrice d’une évolution radicale de la coopération entre Moscou et Zagreb?
Avantages géopolitiques
«Tout d'abord, Moscou se débarrasse ainsi des dernières allusions concernant son isolement en Europe depuis la crise ukrainienne. Il y a encore deux ans, annoncer qu'un dirigeant européen avait rencontré Poutine sonnait comme une accusation. Désormais, ce n'est qu'une simple nouvelle», explique l’auteur.
D’ailleurs, note M.Samoroukov, pour la dirigeante croate Kolinda Grabar-Kitarović comme pour la plupart des leaders d'Europe de l'Est, un entretien personnel avec Poutine est une tentation à laquelle il est impossible de résister. Tout le reste du temps, Vladimir Poutine peut être présenté sous un mauvais jour, mais «dès qu'un entretien personnel est convenu, cela devient l'événement diplomatique le plus important de l'année, couvert dans les moindres détails. Qui songe à l'isolement quand il a une chance d'être pris en photo en serrant la main de Poutine en personne pour signifier on ne peut plus clairement à ses électeurs: vous voyez, je suis au centre de la géopolitique mondiale».
Intérêts économiques
Les raisons purement diplomatiques n'auraient certainement pas suffi pour organiser une visite de cette ampleur. Cette dernière s'explique certainement, entre autres, par une question apparue soudainement dans les relations russo-croate – une question à 1,3 milliard d'euros. Telle est la somme due par la compagnie croate en faillite Agrokor aux banques russes Sberbank et VTB, est-il expliqué dans l’éditorial.
L’expert rappelle que Moscou est prêt à aborder avec les Croates un cercle relativement restreint de questions économiques.
«Personne n'annulera les contre-sanctions simplement parce que la Croatie s'est légèrement rapprochée de la Russie. La Grèce, Chypre ou la Hongrie ont entamé ce rapprochement bien avant et ont avancé bien plus loin, mais aucune exception n'est faite même pour ces pays. Alors que les produits agricoles constituaient la majeure partie des exportations croates en Russie avant la crise ukrainienne».
Cette visite est donc plutôt une voie vers la normalisation des relations. Une tentative de faire revenir la coopération entre les deux pays à leur niveau normal après plusieurs années de stagnation. Ce qui est déjà beaucoup dans les conditions actuelles, conclut-il.