« Pauvre type », « ordure » mais surtout « je ne m'assois pas à côté de ce nazi »: eh oui, Jean-Luc Mélenchon aurait couvert d'insultes Manuel Valls. L'ancien premier ministre, ancien du Parti socialiste, aujourd'hui partisan d'Emmanuel Macron, serait donc un suppôt du Troisième Reich.
Dans ce contexte, la réédition d'un ouvrage important, chez Pierre-Guillaume de Roux, devrait nous amener à mieux saisir la pertinence ou l'absurdité de toutes ces insultes, ou si vous préférez, la pérennité ou la disparition du fascisme en France.
Cet ouvrage, c'est l'essai du journaliste Paul Sérant, Le romantisme fasciste. Publié en 1959. Un ouvrage essentiel, qui traite de six figures sulfureuses ayant profondément marqué leur époque, à travers la politique et la littérature: il s'agit de Louis Ferdinand Céline, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach, Lucien Rebatet, Alphonse de Châteaubriant & Abel Bonnard. Tous ont été, de près ou de loin, associés avec le régime de Vichy voire avec le national-socialisme.
Paul Sérant a recherché la trace historique d'un fascisme français, alors je vous propose chers auditeurs, de le suivre. Enfin, façon de parler, puisque Paul Sérant est décédé en 2002… heureusement donc, nous nous sommes entretenus avec son préfacier, le Professeur Olivier Dard, historien, Professeur à la Sorbonne, spécialiste des droites radicales, et donc le mieux à même d'éclaircir ce sujet — non celui de Jean-Luc et Manuel, que nous laisserons se chamailler, mais celui de la portée des années 30.
« Paul Sérant a pris en compte l'importance de l'esthétique, du geste pour comprendre l'engagement de ces auteurs. Il y aurait au fond la volonté de trancher avec leur époque, comme les romantiques de leur temps. Ce livre est une sorte d'autobiographie à clé: on ne le comprend pas le livre sans l'homme. Sérant n'avait que 10 ans le 6 février 1934 mais a connu de près ces figures du fascisme français. C'est un homme distancié temporellement mais suffisamment au fait des acteurs dont il parle. Il y a chez lui un jeu de rôle qui le place à la fois dedans et dehors même si, soyons clairs, le livre n'est nullement une apologie d'un quelconque fascisme français dans les années 50. Ce livre est un moyen de dire aux jeunes gens de 1959 que le fascisme est mort. »
A-t-il jamais existé?
Quel était-il?
« Dans la lignée du nationalisme d'avant 14, ce fascisme français veut se construire comme un mouvement anti bourgeois, anti-capitaliste. Retrouver un pays réél derrière un pays légal frelaté. Par rapport au socialisme, il y a eu dans l'histoire du socialisme français un socialisme anti-marxiste, et même national. (…) Arrivent au fascisme un certain nombre d'éléments venus de la gauche, les amis de Marcel Déat en particulier, ou les communistes Bardet et d'autres, qui vont rencontrer le fascisme par rejet du Marxisme. »
Une vision erronée de l'époque
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