La marine américaine a le quasi-monopole de l'espace médiatique lorsqu'il s'agit des porte-aéronefs. La Russie et la Chine en disposent également, mais l'Amiral Kouznetsov, le Liaoning et le Type 001A sont loin d'être les seuls bâtiments de ce type à sillonner les océans. Sputnik passe en revue cinq porte-avions moins connus mais tout aussi intéressants.
Chakri Naruebet (Thaïlande)
Lancé en 1996, le HTMS Chakri Naruebet patrouille le long des côtes thaïlandaises et dans la zone économique exclusive du Royaume. Il participe également à des opérations de recherche et de sauvetage. Ces dernières années, ce navire et ses six hélicoptères SH-60 Seahawk quittent rarement le port de Chuk Samet où ils sont basés.
«Avant le début des années 2000, le socle de l'airwing du HTMS Chakri Naruebet était constitué par les premières modifications du bombardier britannique AV-8A Harrier, bien que leur durée de service avait déjà expiré à l'époque. Le porte-aéronef thaïlandais est aujourd'hui un porte-hélicoptères et aussi le plus grand yacht royal du monde avec ses appartements luxueux pour le monarque et sa famille qui sont d'habitude présents à bord pendant les rares sorties du navire en mer», rappelle l'expert militaire de Sputnik Andreï Kotz.
Les médias thaïlandais et les experts décrivent ce navire, qui a coûté 336 millions de dollars, plutôt comme un énorme yacht royal que comme un porte-aéronefs. Le Chakri Naruebet a même reçu le surnom de «Thaï-tanic».
NAe São Paulo (Brésil)
Le NAe São Paulo, le seul porte-aéronefs de la marine brésilienne, appartenait initialement à la marine française. Il a été lancé en 1960 sous le nom de Foch. Après avoir servi en France pendant environ 40 ans, ce navire a été vendu au Brésil en 2000 pour 30 millions de dollars. Malgré les efforts continuels des Français pour le moderniser, il est était devenu obsolète à l'aube du nouveau millénaire.
C'est pourquoi de nombreux experts militaires ont vu dans la décision du Brésil d'acquérir ce navire la volonté de faire de la frime et non pas une réponse à une vraie nécessité militaire.
Le socle de l'airwing du São Paulo est constitué de 14 chasseurs A-4 Skyhawk. Le navire est équipé d'un système anti-sous-marin et peut transporter des hélicoptères. Malheureusement, le porte-aéronefs n'a jamais eu de véritable occasion de faire ses preuves en mer, note Andreï Kotz.
«Depuis son entrée en service dans la marine brésilienne, le São Paulo a été constamment modernisé. Il devait intégrer la flotte en 2013 mais quelques mois plus tôt s'est produit un incendie à son bord. Finalement, il a été annoncé le 14 février 2017 que le São Paulo serait désarmé parce que les travaux de réparation nécessaires n'étaient pas économiquement justifiés», écrit l'expert.
En 2018, ce navire de la classe Clémenceau d'une longueur de 256 mètres et d'un déplacement de 32.800 tonnes qui pouvait transporter 22 avions et 17 hélicoptères sera donc déclassé. Aucun navire de classe similaire n'a été trouvé pour le remplacer.
Vikramaditya (Inde)
Le porte-avions indien Vikramaditya partage un destin semblable à celui du São Paulo. Le bâtiment a été construit par la marine soviétique et a servi en son sein entre 1987 à 1991 sous son nom originel, le Baku. De 1992 à 2004, le porte-avions a pris le nom d'Amiral Gorchkov et a servi dans l'armée russe. Le 29 janvier 2004, après des années de négociations, la Russie et l'Inde ont signé un accord pour sa vente.
L'Amiral Gorchkov russe s'est ainsi transformé en Vikramaditya («Brave comme le Soleil» en sanscrit) indien. La modernisation du navire, qui n'a fait son entrée dans la marine indienne qu'en 2013, a été longue et difficile. Le porte-avions a été cédé gratuitement mais l'Inde a dû payer 947 millions de dollars pour les équipements du navire et sa modernisation, ainsi qu'un milliard de dollars pour les systèmes d'armements (missiles, artillerie et torpilles) et des aéronefs (16 MiG-29 et 4 Kamov Ka-27). En novembre 2007, la Russie a réclamé 1,2 milliard de dollars au lieu des 947 millions prévus, portant le coût total des acquisitions à 2,2 milliards.
La première escadrille basée sur le Vikramaditya se compose de 14-16 chasseurs MiG-29 ainsi que de 4 chasseurs MiG-29KUB (transmis à l'Inde le 12 février 2009), et le porte-avions peut accueillir jusqu'à 8 hélicoptères Ka-28, 1 hélicoptère Ka-31 et 3 hélicoptères HAL Dhruv.
Cavour (Italie)
Mis en service en juin 2009, le Cavour long de 244 mètres a un déplacement de 28.000 tonnes. Il est l'un des porte-aéronefs les plus modernes au monde.
Il ne serait pas correct de qualifier ce navire de simple «aérodrome flottant», selon Andreï Kotz, pour la simple raison qu'il peut transporter seulement 8 avions AV-8B Harrier II. Dans l'avenir, il pourra accueillir des avions F-35. «Cependant le Cavour est également capable de transporter 12 hélicoptères et des forces amphibies: 415 fusiliers marins, jusqu'à 100 véhicules ou 24 chars de combat, ou 50 blindés lourds», ajoute l'expert.
En plus, ce navire est équipé de canons et missiles des plus performants. Cependant, l'expert rappelle que «malgré son excellent armement la seule opération d'envergure à laquelle le Cavour a participé, était une mission humanitaire pour aider les Haïtiens après le séisme de 2010».
Juan Carlos I (Espagne)
Le Juan Carlos I, un des vaisseaux les plus puissants de la marine espagnole, est un autre navire qu'il serait impossible de qualifier de simple porte-aéronefs, écrit Andreï Kotz. La marine espagnole elle-même le classe comme un «navire de projection stratégique».
«Par sa conception, ce navire est proche des navires américains Wasp mais a un dispositif pour l'accueil des aéronefs. Le principal armement du Juan Carlos I, ce sont ses 25 AV-8 Harrier II. Par ailleurs, il dispose de quatre aires d'atterrissage pour accueillir les hélicoptères lourds CH-47 Chinook et d'une autre aire pour accueillir l'appareil de transport hybride V-22 Osprey», note l'expert.
Ce navire long de 230,82 mètres a un déplacement de 27.000 tonnes. Il peut embarquer jusqu'à 1.200 marins, jusqu'à 46 chars Leopard 2E, quatre embarcations de débarquement. Il n'a pas d'expérience de combat et n'a participé qu'aux exercices navals de l'Otan.