Certains blocs et équipements du Kouznetsov doivent être changés depuis longtemps. Le porte-avions sera remis en état et modernisé, puis réintégrera la flotte du Nord en 2020-2021. Après ces «congés» parfaitement mérités, le bâtiment restera en service pendant environ 20 ans et sera utilisé, parallèlement aux missions, pour entraîner les pilotes de l'aviation embarquée. Pendant ce temps, espérons que la marine russe se dotera de porte-avions plus récents.
Les moteurs et les missiles
La fumée noire n'a aucunement affecté les capacités de déplacement du navire. Néanmoins, on sait que pendant la prochaine maintenance quatre des huit chaudières du porte-avions seront remplacées. Deux d'entre elles ont déjà été construites par l'usine Baltique. De plus, le porte-avions sera équipé de tout nouveaux moyens de communication, de navigation, de contrôle opérationnel et de guerre électronique. Il a été rapporté que les marins bénéficieraient de poste automatisés qui seront dotés, entre autres, de liaison vidéo.
Comme l'a annoncé en début d'année Alexeï Rakhmanov, président du Consortium unifié de construction navale (OSK), la composition des armements embarqués sera modifiée. Il pourrait être question du remplacement des missiles antinavires Granit mis en service en 1983, par exemple, par des Kalibr plus modernes avec une ogive explosive. Toutefois, ces mesures pourraient demander la reconstruction des silos de lancement car les dimensions des Kalibr et des Granit sont différents. Par contre, il n'est pas prévu de changer le parc aérien du bâtiment, composé de Su-33 et de MiG-29. Par ailleurs, tous les spécialistes ne pensent pas que l'Amiral Kouznetsov a besoin d'un armement antinavire. Dans les conditions actuelles, ce porte-avions joue plutôt un rôle défensif qu'offensif.
«C'est un porte-avions assez spécifique, explique Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef du magazine Arsenal Otetchestva. Son parc aérien inclut uniquement des chasseurs, ce qui définit les missions du bâtiment comme purement défensives. Il n'y aura jamais d'avions de détection radar à longue portée, de guerre électronique et d'autres appareils nécessaires pour mener des opérations expéditionnaires d'attaque à part entière. Le Kouznetsov dispose déjà du complexe antinavire de missiles Granit. On ignore pourquoi il en a besoin. Dans le cadre de la modernisation, d'après moi, il faudrait démonter l'armement d'attaque du porte-avions, comme l'ont fait les Chinois avec leurs premiers porte-avions — des navires du même projet que l'Amiral Kouznetsov. Grâce à la place libérée, on pourrait augmenter la réserve de carburant et de munitions pour l'aviation.»
La percée du Bosphore
L'Amiral Kouznetsov a été mis à l'eau le 4 décembre 1987 (il portait alors le nom de Tbilissi). Le début de son service a été difficile. Le navire, construit par les chantiers navals de Nikolaev, a été intégré à la flotte du Nord de l'URSS en 1991 mais est d'abord resté en mer Noire. En novembre de la même année, le président du parlement ukrainien Leonid Kravtchouk a envoyé au commandant du porte-avions Viktor Iaryguine un télégramme indiquant que l'Amiral Kouznetsov appartenait à l'Ukraine et devait rester à Sébastopol. Le capitaine de vaisseau a refusé d'obéir: à l'époque l'Ukraine n'existait pas formellement en tant qu'État — le référendum sur l'indépendance était prévu pour le 1er décembre.
En 1991, l'Amiral Kouznetsov a failli connaître le même sort que le second porte-avions de la série, Variag, qui a été vendu par les Ukrainiens à la Chine au prix de la ferraille (en 2012 le navire a intégré la marine chinoise sous le nom Liaoning). Le Kouznetsov a réussi à rejoindre la flotte du Nord in extremis. Depuis, le porte-avions a participé à de nombreuses expéditions et en plusieurs décennies d'exploitation il n'a connu aucune panne majeure. Tous les travaux de maintenance étaient prévisionnels et préventifs.