L'Amiral Kouznetsov prend congé, que deviendra le porte-avions russe après la rénovation?

© Sputnik . Alexander YakovlevAmiral Kouznetsov
Amiral Kouznetsov - Sputnik Afrique
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Le croiseur lourd Amiral Kouznetsov, seul porte-avions de la Fédération de Russie, sera mis à quai l'an prochain pour des opérations de maintenance. Le plus grand navire de la marine russe fêtera en décembre son 30e anniversaire, un âge très respectable pour ce géant sillonnant les océans.

Certains blocs et équipements du Kouznetsov doivent être changés depuis longtemps. Le porte-avions sera remis en état et modernisé, puis réintégrera la flotte du Nord en 2020-2021. Après ces «congés» parfaitement mérités, le bâtiment restera en service pendant environ 20 ans et sera utilisé, parallèlement aux missions, pour entraîner les pilotes de l'aviation embarquée. Pendant ce temps, espérons que la marine russe se dotera de porte-avions plus récents.

Les moteurs et les missiles

Der schwere Flugzeugträger „Admiral Kusnezow“ der Nordflotte in Zypern (Archivbild) - Sputnik Afrique
«Le grand avantage» de l'Amiral Kouznetsov face au porte-avions UK Queen Elizabeth
La dernière fois que l'Amiral Kouznetsov a fait parler de lui dans la presse mondiale remonte à novembre 2016-février 2017, quand le porte-avions, au sein d'un groupe aéronaval opérationnel russe, a accompli des missions près des côtes syriennes. Les médias occidentaux ont été très amusés par le nuage de fumée noire émis par le bâtiment lors de son passage le long du littoral européen: il était qualifié d'obsolète et de caduc, on lui prédisait un naufrage à mi-chemin. Les marins avaient alors pris la défense du porte-avions. L'ex-commandant de la flotte du Nord, l'amiral Viatcheslav Popov, avait notamment déclaré que «seuls les amateurs ignorent qu'un moteur propulsé par un carburant aussi bon marché que le mazout émet autant de fumée». Malgré les moqueries, le Kouznetsov est arrivé à destination en maintenant la vitesse fixée. Quelques mois plus tard, il est revenu sans problèmes à sa base après avoir accompli ses missions.

La fumée noire n'a aucunement affecté les capacités de déplacement du navire. Néanmoins, on sait que pendant la prochaine maintenance quatre des huit chaudières du porte-avions seront remplacées. Deux d'entre elles ont déjà été construites par l'usine Baltique. De plus, le porte-avions sera équipé de tout nouveaux moyens de communication, de navigation, de contrôle opérationnel et de guerre électronique. Il a été rapporté que les marins bénéficieraient de poste automatisés qui seront dotés, entre autres, de liaison vidéo.

Comme l'a annoncé en début d'année Alexeï Rakhmanov, président du Consortium unifié de construction navale (OSK), la composition des armements embarqués sera modifiée. Il pourrait être question du remplacement des missiles antinavires Granit mis en service en 1983, par exemple, par des Kalibr plus modernes avec une ogive explosive. Toutefois, ces mesures pourraient demander la reconstruction des silos de lancement car les dimensions des Kalibr et des Granit sont différents. Par contre, il n'est pas prévu de changer le parc aérien du bâtiment, composé de Su-33 et de MiG-29. Par ailleurs, tous les spécialistes ne pensent pas que l'Amiral Kouznetsov a besoin d'un armement antinavire. Dans les conditions actuelles, ce porte-avions joue plutôt un rôle défensif qu'offensif.

«C'est un porte-avions assez spécifique, explique Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef du magazine Arsenal Otetchestva. Son parc aérien inclut uniquement des chasseurs, ce qui définit les missions du bâtiment comme purement défensives. Il n'y aura jamais d'avions de détection radar à longue portée, de guerre électronique et d'autres appareils nécessaires pour mener des opérations expéditionnaires d'attaque à part entière. Le Kouznetsov dispose déjà du complexe antinavire de missiles Granit. On ignore pourquoi il en a besoin. Dans le cadre de la modernisation, d'après moi, il faudrait démonter l'armement d'attaque du porte-avions, comme l'ont fait les Chinois avec leurs premiers porte-avions — des navires du même projet que l'Amiral Kouznetsov. Grâce à la place libérée, on pourrait augmenter la réserve de carburant et de munitions pour l'aviation.»

The Admiral Kuznetsov heavy aircraft-carrying cruiser in Severomorsk. (File) - Sputnik Afrique
Un porte-avions léger sur le point de voir le jour en Russie
En parlant de la modification de l'armement du porte-avions, Alexeï Rakhmanov faisait peut-être allusion à la modernisation des systèmes antiaériens du bâtiment. Actuellement, le croiseur est protégé contre la menace aérienne par quatre canons Kinjal et huit canons Kortik. Pour remplacer ces derniers, la Russie a mis au point la version navale du canon antiaérien sol-air Pantsir-S — Pantsir-M dont la production en série a commencé en 2015. Dans tous les cas, Alexeï Rakhmanov a déclaré dans une interview en début de semaine que «l'ensemble des travaux de réparation et de modernisation serait validé après l'adoption définitive du programme public d'armement pour 2018-2025».

La percée du Bosphore

L'Amiral Kouznetsov a été mis à l'eau le 4 décembre 1987 (il portait alors le nom de Tbilissi). Le début de son service a été difficile. Le navire, construit par les chantiers navals de Nikolaev, a été intégré à la flotte du Nord de l'URSS en 1991 mais est d'abord resté en mer Noire. En novembre de la même année, le président du parlement ukrainien Leonid Kravtchouk a envoyé au commandant du porte-avions Viktor Iaryguine un télégramme indiquant que l'Amiral Kouznetsov appartenait à l'Ukraine et devait rester à Sébastopol. Le capitaine de vaisseau a refusé d'obéir: à l'époque l'Ukraine n'existait pas formellement en tant qu'État — le référendum sur l'indépendance était prévu pour le 1er décembre.

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La Russie entamerait prochainement la construction de six porte-avions?
La veille du vote, l'Amiral Kouznetsov a levé l'ancre et a mis le cap sur le Bosphore. Le détroit a pu être franchi sans l'autorisation officielle de la Turquie dont le gouvernement, par ailleurs, a hésité à intercepter ce puissant bâtiment. Entre le 1er et le 24 décembre 1991 le porte-avions a contourné l'Europe pour rejoindre sa base à Vidiaevo, dans la région de Mourmansk. Tout au long de son périple, il a été suivi à distance par les navires de l'Otan. Le navire et la majeure partie des pilotes du 100e régiment d'aviation navale sous le commandement du légendaire Timour Apakidze ont finalement rejoint la Russie. Par la suite, ils ont constitué le noyau du 279e régiment d'aviation navale de la Russie. Par contre, les pilotes qui avaient prêté serment à l'Ukraine ont été ensuite renvoyés à cause de la dissolution de l'unité.

En 1991, l'Amiral Kouznetsov a failli connaître le même sort que le second porte-avions de la série, Variag, qui a été vendu par les Ukrainiens à la Chine au prix de la ferraille (en 2012 le navire a intégré la marine chinoise sous le nom Liaoning). Le Kouznetsov a réussi à rejoindre la flotte du Nord in extremis. Depuis, le porte-avions a participé à de nombreuses expéditions et en plusieurs décennies d'exploitation il n'a connu aucune panne majeure. Tous les travaux de maintenance étaient prévisionnels et préventifs.

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