En déclarant que les États-Unis détruiraient un missile balistique nord-coréen portant une ogive nucléaire en plein air, le Pentagone induit en erreur non seulement le public, mais aussi son propre gouvernement, déclarent des experts militaires de la technologie de défense antimissile.
Selon les deux experts, les États-Unis promeuvent leurs systèmes de défense antimissile tandis qu'aucun d'entre eux n'est capable d'intercepter un missile balistique nord-coréen.
Quand Pyongyang a lancé un missile au-dessus du territoire du Japon, il a volé à de telles altitudes qu'aucun système américain n'aurait pu l'atteindre, a déclaré M.Cirincione dans un rapport pour Defense One.
«770 kilomètres au-dessus du Japon à l'apogée de sa trajectoire de vol. Ni le Japon ni les États-Unis n'auraient pu intercepter ce missile. Aucune des armes existantes de défense antimissile balistique n'a une telle portée», a-t-il souligné.
Donc, ils vont abattre le missile au stade final, n'est-ce pas? Faux, disent les experts. Bien que le système Aegis ait affiché des résultats exceptionnels lors des tests contre des cibles de courte et moyenne portée, ils doivent être considérés sceptiquement, selon MM.Reif et Cirincione.
«Seul un de ces tests a été réalisé contre une cible de classe semblable au Hwansong-12 nord-coréen», a déclaré M.Reif à Fox News.
«THAAD, Patriot et surtout Aegis ont fait du bon travail dans les tests, mais ce sont des tests réalisés pour réussir, simplifiés, soigneusement mis en scène, qui utilisaient en général des cibles à courte portée», a déclaré M.Cirincione.
Il existe aussi un problème avec les lanceurs d'Aegis basés en mer: malgré leur flexibilité par rapport aux systèmes terrestres fixes, les navires doivent se trouver précisément «au bon endroit au bon moment» pour pouvoir intercepter un missile, selon les experts.
«Ce serait une tâche très exigeante qui impliquerait une quantité importante d'approximation, car les navires devraient être au bon endroit au bon moment pour réussir une interception en mer», a déclaré M.Reif, cité par Defense One.
Mais, préviennent les experts, «serait» n'est pas égal à «fonctionnement garanti».
«Le seul système conçu pour défendre les États-Unis, connu sous le nom de GMD, a souffert de nombreux problèmes techniques et d'ingénierie. Ses essais dans des conditions contrôlées n'ont pas démontré qu'il puisse fournir une défense fiable même contre un petit nombre de missiles balistiques simples», a déclaré M.Reif.
«Le taux de réussite des systèmes GMD dans les tests d'interception a été triste», a déclaré Cirincione, en citant Philip Coyle, ancien directeur des tests opérationnels pour le Pentagone.
Les hauts responsables américains, dont le Président Donald Trump et le ministre de la Défense Jim Mattis, affirment que le Pentagone contrôle la situation et peut faire face à toute menace nucléaire, ce qui donne aux citoyens américains un faux sentiment de sécurité. Ni le continent américain, ni le Japon, ni la Corée du Sud ne sont protégés d'une frappe nucléaire nord-coréenne par la technologie de défense antimissile américaine.
Les autorités américaines, réitérant des mots de confiance à maintes reprises, peuvent tomber dans un piège en croyant à leurs propres propos, selon M.Reif.
«La trop grande confiance en défense antimissile pourrait inciter les dirigeants américains à penser que nous pourrions intensifier la réponse aux provocations nord-coréennes sans nous soucier d'une éventuelle réponse nucléaire», a averti l'expert militaire. «Cela augmenterait fortement le risque d'un conflit dans la péninsule coréenne».