Alors qu'une précédente visite avait été annulée par Ankara, vendredi, sept parlementaires allemands de différents partis ont été autorisés à entrer en Turquie et à rejoindre la base militaire de Konya, cette fois, la visite ayant été organisée par l'Otan plutôt que par l'Allemagne, a annoncé à Sputnik Alexander Neu, membre de la commission de la Défense au Bundestag.
«Ce type de visites organisées dans le cadre de l'Otan est absolument inacceptable, le Bundestag ayant ainsi cédé ses prérogatives en matière d'organisation», a estimé l'interlocuteur de l'agence, tout en critiquant l'atmosphère qui règne sur la base militaire turque de Konya.
Selon ce dernier, au début de la visite qui n'a duré que trois heures environ, la partie turque a donné ses instructions selon lesquelles les députés ne devraient pas aborder de sujets politiques. Aussi, les tensions turco-allemandes n'ont-elles pas été évoquées. La conversation a uniquement porté sur la lutte contre Daech, mission assignée aux soldats de la Bundeswehr.
«Pour remplir cette tâche, on pourrait bien utiliser l'aérodrome grec d'Áktio. Cela coûterait un peu plus, mais serait tout à fait réalisable. Mais tout porte à croire que le gouvernement fédéral manque manifestement de volonté pour une telle démarche», a constaté le député Die Linke.
À Konya, les députés du Bundestag n'ont pu voir que les locaux destinés à accueillir la tenue de points de presse et à des rencontres avec les soldats allemands, ainsi que la cantine. Ils n'ont vu ni l'aérodrome ni les avions.
«Les soldats de la Bundeswehr seront de toute évidence déployés à l'avenir sur la base de Konya tant que le mandat de la lutte contre Daech est valable. […] Et si la CDU et le SPD prolongent ce mandat, l'Allemagne sera soumise à l'avenir également à "l'arbitraire du gouvernement turc", y compris en ce qui concerne le droit des députés du Bundestag à rendre visite aux soldats allemands en Turquie», a prévenu l'interlocuteur de Sputnik.
Les députés allemands ont l'obligation légale de rendre visite à ces soldats, l'armée allemande étant étroitement contrôlée par la chambre des députés.
Les relations entre Ankara et Berlin se sont nettement dégradées depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, mené par des militaires factieux et imputé au prédicateur Fethullah Gülen, qui nie les faits.
L'Allemagne condamne fermement les purges menées en Turquie depuis le coup d'État manqué, au cours desquelles plus de 50.000 personnes ont été arrêtées, dont plusieurs citoyens allemands ou binationaux. Ankara pour sa part accuse Berlin de faire preuve d'indulgence envers des «terroristes», en abritant des séparatistes kurdes et des putschistes présumés.
La Turquie a interdit à plusieurs reprises les visites de députés du Bundestag aux 260 soldats allemands basés à Incirlik (sud de la Turquie), conduisant Berlin à transférer en Jordanie ces troupes engagées dans le cadre de la coalition anti-Daech.