Heino Wiese, lui aussi membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) et ami de longue date de Schröder, estime que cette nomination contribuera à l'amélioration des relations entre l'Allemagne et la Russie. Selon lui, les critiques de la presse s'expliquent par la russophobie et les échéances électorales.
Monsieur Wiese, la presse allemande s'est montrée plutôt critique à l'annonce de la candidature de Gerhard Schröder au conseil d'administration de Rosneft. Comment vous l'expliquez?
«Il y a deux facteurs qu'il faut prendre en compte. Tout d'abord, c'est la russophobie qui transparaît dans beaucoup de médias allemands. Et puis c'est la lutte électorale. En essayant de nuire à Schröder quelqu'un peut essayer de nuire aussi au SPD.
Si un ancien homme politique avait reçu une proposition pareille, celle d'entrer au conseil d'administration, par exemple, de BP ou d'Exxon, cela aurait certainement suscité d'autres commentaires. D'ailleurs ce n'est pas à n'importe qui mais à Gerhard Schröder que Rosneft propose d'entrer à son conseil d'administration. Cela est lié à l'avenir du business germano-russe».
La présence d'un Allemand dans un organe de direction d'un géant pétrolier russe n'est-elle pas profitable à l'Allemagne?
«De toute façon c'est positif aussi bien pour l'Allemagne que pour la Russie parce que cela jette un autre pont entre nos deux pays. Par ces temps difficiles un tel pas constitue un signe de confiance de la part de la Russie».
Pourquoi Gerhard Schröder? Pourquoi il est à tel point apprécié par les Russes et le président Vladimir Poutine?
Quel genre de questions?
«Les questions relatives à l'avenir de la société, à la rentabilité générale, à l'efficacité de la gestion de l'entreprise. Ce genre de questions, il les posait aussi bien en politique qu'en économie. Et il continuait à le faire au poste de président du conseil d'administration du club de football Hannovre 96».
Malgré les sanctions, les relations économiques germano-russes sont bonnes, surtout dans le secteur de l'énergie. Cependant il y a eu récemment un problème dans la politique économique germano-allemande à cause du détournement des turbines livrées par Siemens vers la Crimée. Est-ce que M. Schröder pourra aider à résoudre ce problème?
Je pense qu'on n'a pas besoin de Gerhard Schröder pour y parvenir. La compagnie Siemens déploie depuis plus de 150 ans ses activités en Russie. Ils ont, à mon avis, assez d'expérience pour régler indépendamment ce problème. Le président reçoit personnellement les responsables du consortium Siemens. Ce processus n'a pas besoin de guide. La compagnie Siemens attribue une grande importance au business avec la Russie tout comme la Russie est convaincue de la nécessité d'un partenariat d'affaires avec le consortium Siemens.
Qui plus est, les nouvelles sanctions américaines mettent en cause l'avenir de Nord Stream-2. Schröder peut-il influer d'une manière ou d'une autre ce processus, selon vous?
Schröder jouit, semble-t-il, d'une grande autorité au sein du SPD. Il a pris récemment la parole à une réunion du parti. Nous sommes actuellement dans un processus de lutte électorale. De telles nouvelles concernant l'ex-leader du parti sont-elles positives ou, au contraire, négatives?
Schröder a dit qu'il considérait cela comme une aide de la part de Mme Merkel du point de vue du quotidien Bild. Tout le monde comprend, y compris le SPD, que cette information est problématique. Une question s'impose, et consiste à savoir si le parti soutiendra Schröder en la matière. Si ce parti est sûr de lui, il le soutiendra sans aucun doute.
Jusqu'à présent, le soutien de la part du SPD a été plutôt modéré. Est-ce que cela suffit?
Il faut rappeler comment a évolué la situation. Cette nouvelle annoncée par le gouvernement russe a suscité dès le début une certaine incompréhension. Par la suite il est devenu clair qu'il s'agissait du conseil d'administration. Pour le moment Schröder n'a pas formulé nettement sa position puisqu'il est en Chine. Il nous a fait savoir que les pourparlers continuaient et qu'il n'avait pas encore d'idée précise sur ses perspectives. C'est pour cela que le SPD formule très prudemment sa position à ce sujet.
Schröder cèdera-t-il, selon vous, sous la pression des médias?
Quel est le statut de Schröder au SPD en 2017?
Il reçoit actuellement plus de demandes de discours des députés de la circonscription électorale que pendant son mandat au poste de chancelier. Cela confirme qu'on a besoin de Gerhard Schröder et qu'il a des positions fortes au sein du parti.
On a l'impression que le SPD n'a pas de position nette à l'égard de la Russie. Pourquoi, selon vous?
A mon avis, Sigmar Gabriel a nettement formulé sa position sur la Russie. Martin Schulz n'a pas encore présenté le chapitre du programme électoral relatif à la politique étrangère, mais il sera bientôt annoncé.