La prolongation des sanctions antirusses est absurde, et elle empêche le règlement du conflit dans l'est de l'Ukraine. Telle est l'opinion émise par l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder dans une interview accordée au périodique allemand Handelsblatt.
"L'introduction de sanctions, peu importe contre quel pays, n'a jamais été un outil privilégié de ma politique, mais je le comprends", a déclaré Schröder, en s'exprimant sur la réaction de l'ouest au rattachement de la Crimée à la Russie.
"La situation que je dénonce est que, en dépit des nets progrès réalisés par le biais des accords de Minsk, le gouvernement de la RFA non seulement tient aux sanctions déjà infligées, mais il les prolonge. Ce qui est, à vrai dire, absurde", a souligné l'homme d'Etat.
Répondant à la question de savoir comment il agirait dans la situation, l'ex-chancelier a dit qu'il "exprimerait sa reconnaissance et son respect au gouvernent russe pour les progrès atteints et entamerait la levée des sanctions économiques".
"Il serait plus raisonnable de répondre aux intérêts d'un partenaire politique qui respecte les accords que de l'isoler. L'occident comprend très bien l'importance du soutien russe dans le règlement du conflit syrien", a déclaré Schröder.
L'ex-chancelier allemand est d'avis que la prolongation des sanctions antirusses introduites par l'UE "empêcherait le règlement de la crise ukrainienne". "J'espère quand même que la Russie continuera de participer au règlement de la crise syrienne", a-t-il dit.
Concernant la situation au Proche-Orient, Schröder fait remarquer que "le problème est qu'à la lutte pour le pouvoir se superpose des thèmes religieux. Cela repousse considérablement la solution du problème".
"Le fait que dès le début l'Occident pensait pouvoir trouver une solution syrienne dans la démission d'Assad était une faute grave. A mon sens, c'est seulement après la fin des négociations diplomatiques que l'on pourra parler de réorganisation politique en Syrie", croit Schröder.
"Premièrement, on doit proposer à Assad de résoudre le problème par la négociation. Et Vladimir Poutine en a notamment parlé dans sa dernière interview (à Bild)", a évoqué l'ex-chancelier.
D'après Schröder, l'ingérence militaire des Etats-Unis en Irak en 2003 a favorisé la consolidation du groupement terroriste Etat Islamique (l'EI).
"Il ne faut absolument pas juger de manière unilatérale, mais les fautes commises par rapport à l'Irak ont été un facteur clé pour que les Sunnites se soient mis à adhérer à l'EI ces dernières années", selon l'homme d'Etat.
"Dans ce contexte, l'intervention de 2003 a bien sûr conduit à l'escalade d'un conflit subintrant au Proche-Orient", a-t-il conclu.