La semaine dernière, à la quasi-unanimité, les deux chambres du Congrès américain ont approuvé un texte qui permettra de renforcer les sanctions antirusses. Les mesures qui font l'objet de ce texte de loi posent question. Elles auront un impact non seulement sur la Russie, l'Iran et la Corée du Nord, mais également sur l'Union européenne. En effet, ce texte donne la possibilité au Président des États-Unis de sanctionner les entreprises européennes qui prennent part à la construction des pipelines venant de Russie, par exemple en leur limitant leur accès aux banques américaines ou encore en les excluant des marchés publics aux États-Unis. Comment peut-on expliquer cette décision prise unilatéralement par les États-Unis?
«Donald Trump est piégé par l'affaire de la campagne où on l'accuse d'avoir été soutenu par les Russes. Mais, je pense tout simplement que leur intérêt, c'est le commerce.»
Et d'ajouter:
«Les Américains transcendent tout le droit international et font leurs propres sanctions. Ils habillent toujours cela par des motifs de liberté et de défense. Mais en réalité leur seule préoccupation est la politique commerciale.»
Et on peut facilement le comprendre. Ces sanctions auront un impact sur l'Union européenne et, plus particulièrement, sur les groupes européens associés au projet de gazoduc Nord Stream 2 destiné à accélérer l'acheminement de gaz russe vers l'Allemagne, puis l'Europe, dès 2019. Pour le sénateur Pozzo di Borgo, les Américains souhaitent rendre les Européens dépendants d'eux du point de vue énergétique pour mieux leur vendre leur gaz de schiste.
«Les Américains ont trop de gaz de schiste, ils cherchent à le vendre. Alors que font-ils? Comme la plus grande poche de gaz, c'est le Qatar et l'Iran, ils poussent l'Arabie Saoudite à sanctionner le Qatar. En Europe, comme par le biais de l'Ukraine il y avait des difficultés d'approvisionnement, l'Europe mise sur Nord Stream et en réponse que font les Américains? Ils montent des sanctions contre Nord Stream.»
«Mercredi l'Europe va se réunir, une des premières mesures que l'on pourrait prendre, si l'Europe était courageuse, c'est d'interdire l'achat de gaz de schiste par des sociétés européennes. Quand vous pensez qu'Engie est partenaire de Nord Stream et achète régulièrement des bateaux de gaz liquéfié, de gaz de schiste aux Etats-Unis. Arrêtons!»
Et il appelle l'UE à faire preuve de fermeté.
«Il faut bien entendu évaluer les conséquences commerciales, mais les Américains ne comprennent que les rapports de force. Si on leur montre qu'ils vont perdre de l'argent, ils réfléchiront.»