L'éducation est l'obsession des philosophes. Et elle est le quotidien des parents. Elle stimule la réflexion des uns et elle épuise les forces des autres, dirait-on… mais il semblerait qu'elle contribue au bonheur des deux.
Alors pour juger cela, nous accueillons en studio une philosophe, membre de l'Institut, Chantal Delsol, qui vient de publier l'essai Un personnage d'aventure, petite philosophie de l'enfance, aux éditions du Cerf. Chantal Delsol publié précédemment des ouvrages sur le populisme, et sur la modernité tardive. Ce nouvel essai sur l'enfance pourra donc suprendre, mais entre pourtant pleinement dans son œuvre.
L'amour, vertu unificatrice
« L'enfant est dans une situation de détresse. C'est l'amour des éducateurs qui ordonnent un monde, qui fait sortir l'enfant d'un chaos, l'enfant au départ est un chaos d'émotions, quelque chose qui n'a pas de signification. Les éducateurs apportent cette signification, c'est l'amour qui le fait ».
De l'hominidé à l'humanisé
Une transmission qui nous est propre?
« Il faut poser d'abord l'autonomie et la responsabilité. Quand on parle de la transmission, c'est ce qui nous différencie de toutes les autres cultures: le judéo-christianisme, et la civilisation laïque qui poursuit celui-ci en oubliant la transcendance mais reprenant les mêmes principes. Avec l'apparition du monothéisme et d'un Dieu personne, qui parle à l'homme, nous avons l'idée d'un être humain qui est une personne, libre et responsable de soi, qui peut sortir de sa communauté. Le fait même qu'un dieu transcendant existe et parle à l'homme, permet à l'homme de sortir de sa communauté. C'est le fait de rencontrer une transcendance: « tu quitteras ton père et ta mère ». On ne peut quitter sa communauté d'appartenance que pour rejoindre un lieu transcendant. Cela nous fait sortir de nous-mêmes. Il y a des velléités de sortir du holisme dans d'autres communautés. Confucius réclame la conscience personnelle. C'est humain. Mais cela n'est vraiment développé que dans la culture judéo-chrétienne. »
Se connaître soi-même?
Sortir de l'enfance
« On sort de l'enfance quand on souffre je crois… L'adulte biologique n'est pas le même que l'adulte psychologique ou spirituel. Quand la souffrance vous arrive en plein visage, c'est ça la réalité, l'humain est une créature tragique. La vraie réalité de la vie, c'est ce qui ne convient pas. »
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