Quand un pays est à la fois celui de la laïcité et la fille aînée de l'Eglise, il n'est guère surprenant de voir y apparaître régulièrement des querelles, des querelles entre raison et foi, des querelles entre le trône et l'autel, des querelles théologico-politiques. On pourra évidemment le regretter mais on pourrait aussi s'en réjouir quand on perçoit la profondeur de ces polémiques.
Mais un autre essai d'un autre auteur, cette fois plus court, tente de répondre à ces accusations. Cet autre auteur est Jean-Marie Salamito, qui vient donc de publier 'Monsieur Onfray au pays des mythes, Réponses sur Jésus et le christianisme', aux éditions Salvator.
Querelle de fond, querelle de forme : Salamito oppose à Michel Onfray une rigueur toute scolastique. Normalien, agrégé de lettres classiques, professeur d'histoire du christianisme antique à la Sorbonne, il a codirigé le volume de la Pléïade consacré aux premiers écrits chrétiens.
Extraits :
« Ce qui me gêne chez Michel Onfray c'est que tout en se réclamant de la raison, de la rationalité, de l'intelligence, il est lui-même en train de donner dans l'irrationnel: il travaille d'une manière qui ne tient pas sur un plan méthodologique. Au fond, beaucoup de ses propos sur Jésus ou les premiers chrétiens relève de l'obscurantisme. Il a besoin qu'on lui donne au nom de la raison quelques leçons d'histoire (…) Dans tout son livre, en ce qui concerne les premiers siècles du christianisme, Michel Onfray est très dogmatique : une sorte d'intégriste de l'antichristianisme. Un rouleau compresseur qui ne connaît ni la nuance ni le doute. Quand il y a plusieurs hypothèses des historiens, il n'en prend qu'une et seulement celle qui l'arrange. »
Jésus a-t-il vraiment existe ?
Saint Paul l'impuissant ?
« Tout le monde peut aller le vérifier: dans le douzième chapitre de la deuxième épitre aux Corinthiens. Sur Paul de Tarse, il suppose que ‘l'écharde dans la chair', dont personne ne sait ce qu'elle était, à quoi elle correspondait ce que Paul appelle ainsi. Je ne sais pas ce que c‘était, aucun spécialiste ne sait ce que c'était. Et Michel Onfray déclare dogmatiquement que Paul était impuissant. Il n'en sait rien! Paul affirme en effet une faiblesse qui serait une certaine compensation d'une certaine expérience mystique. Il reconnaît une blessure qui l'aide à garder une l'humilité. A partir de là, Onfray élabore le roman d'une impuissance ou d'une névrose de Paul. Il cite des textes à contresens ou ne cite pas les textes qui mériteraient d'être cités. Il faut que Michel Onfray apprenne à lire les textes et pas à les caricaturer. »
Nazisme et Christianisme ?
« Il faut bien voir les choses: Onfray peut avoir des interprétations mais on ne peut pas nier la réalité: ce qu'il dit sur cette prétendue continuité entre Saint Paul et le nazisme, Onfray cite le premier épître aux Thessaloniciens. Michel Onfray ignore complètement l'anti-christianisme des nazis alors que tous les spécialistes des nazis le connaissent. Michel Onfray passe sous silence tous les chrétiens qui ont résisté au nazisme. C'est de la désinformation. Hitler considérait le christianisme comme un sous-produit du judaïsme. »
Amalgame?
« Quand Michel Onfray parle du père Hamel assassiné le 26 juillet 2016 par des jeunes qui se réclamaient de l'islam, il ne dit pas ‘les musulmans', il ne fait pas d'amalgame. Mais quand ce sont les Chrétiens, il fait l'amalgame. Ce ne sont pas les Chrétiens mais des Chrétiens qui ont massacré [la philosophe égyptienne] Hypathie. Au même moment des autorités chrétiennes ont condamné ce meurtre ! »
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