L'homme n'aurait pas atteint sa durée de vie maximale

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Contrairement à ce qu'annonçaient l'an dernier des biologistes américains, une équipe de scientifiques canadiens vient de conclure, grâce à une nouvelle analyse de l'évolution de la durée de vie des hommes ces 50 dernières années, que les humains n'avaient pas encore atteint leur longévité maximale, rapporte un article du magazine Nature.

«Il est très difficile d'imaginer la durée de vie des hommes dans un avenir lointain si une telle limite n'existe pas. Il y a trois cents ans, les humains avaient une vie très courte si on la compare à la nôtre. Si vous leur aviez dit que leurs descendants pourraient un jour vivre jusqu'à 100 ans, ils vous auraient ri au nez», résume Siegfried Hekimi de l'université McGill de Montréal (Canada).

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La durée de vie moyenne des humains avant la naissance de la civilisation était comprise entre 20 et 30 ans, puis elle a augmenté constamment au fil de l'évolution de la science et de la médecine. Aujourd'hui on vit plus de 60 ans dans plusieurs pays du monde, et même plus de 80 ans au Japon et dans d'autres pays développés avec un niveau de vie élevé et une médecine avancée.

D'un autre côté, pour de nombreux êtres vivants il y a toujours un âge maximal auquel la plupart des animaux meurent de vieillesse. Ces dernières années, les chercheurs débattent activement de la possibilité d'étendre cette observation à l'homme. En octobre 2016, des chercheurs américains ont annoncé que cet âge maximal pourrait être compris entre 100 et 115 ans — ce qui est relativement modeste par rapport à l'âge de certains personnages bibliques.

Siegfried Hekimi et ses collègues ont revérifié ces conclusions en analysant les données sur la durée de vie des plus macrobites (qui vivent plus longtemps que la durée moyenne de l'espèce) des habitants des USA, du Royaume-Uni, de France et du Japon entre 1968 et aujourd'hui.

Ils ont employé la même méthode que les chercheurs ayant conclu à l'existence d'une limite de la vie, c'est-à-dire en ne s'intéressant pas au nombre de morts de personnes à un certain âge, mais au moment où se produisait la plus forte chute du nombre de personnes décédées en comparant les données des années antérieures ou ultérieures.

Selon cette méthode, s'il n'existe pas de limite à la durée de vie alors cette courbe de survie se déplacera progressivement et continuellement vers un âge plus avancé, et si elle existe alors la courbe s'arrêtera à un certain point et n'avancera plus.

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Siegfried Hekimi remarque que le nombre de macrobites choisis pour l'analyse des biologistes américains était trop faible pour tirer des conclusions définitives. De plus, les auteurs de ces déclarations ont séparé l'ensemble de données en deux parts non égales: avant 1994 et après. Or cette dernière période, qui représente un intervalle de temps bien plus réduit, a joué un rôle significatif dans la recherche d'une limite de la durée de vie.

Siegfried Hekimi et ses collègues ont élargi le champ de données étudié en l'analysant entièrement, sans le divier en segments arbitraires. L'analyse a révélé que l'augmentation de la durée de vie moyenne et maximale ne s'était pas arrêtée au cours de cette période, et que les experts américains n'avaient pas réussi à découvrir la limite de la durée de vie mais des traces de fluctuations dans la durée de vie maximale.

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Par exemple, Siegfried Hekimi et ses collègues ont tiré les mêmes conclusions au sujet de la période comprise entre 1968 et 1980, pendant laquelle la durée de vie maximale a stagné voire chuté comme au cours des deux dernières décennies. «Par conséquent, on peut affirmer que nous n'avons pas encore atteint la limite de la durée de vie et qu'elle n'existe pas en principe», concluent les chercheurs.

Cependant, ceux qui avaient théorisé la «durée de vie limitée» ont déjà contesté les conclusions de Hekimi. Ils sont convaincus que leurs opposants utilisent de mauvaises méthodes d'analyse et pensent incorrectement que les statistiques sur la durée de vie maximale obéissent aux mêmes règles mathématiques que le choix d'indices absolument aléatoires. C'est pourquoi, selon Jan Vijg et ses collègues de l'université de New York (USA), leurs conclusions restent justes et la critique de Hekimi est «inconsistante et incorrecte».

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