La démission de 4 ministres, plus ou moins compromis dans différentes affaires, depuis le lundi 19 juin, soit Mme Goulard et Mme de Sarnez et MM. Ferrand et Bayrou, a secoué le cocotier. Elle a aussi fait tâche. On notera que 2 de ces 4 ministres, Mme Goulard et M. Bayrou, occupaient des portefeuilles régaliens dans le gouvernement: la défense et la justice. Cela n'est pas rien. De plus, on peut penser que l'on n'en restera pas là. Le nom de Mme Pénicaud, la Ministre du Travail, est désormais cité de manière récurrente en liaison avec le financement du voyage d'Emmanuel Macron en Californie en 2016.
Bref, trois jours après l'élection de l'Assemblée Nationale qui avait donné une majorité absolue au Président, le voici confronté aux vieux démons de la politique française, avec une crise politique, en bonne et due forme.
Le cas de Bayrou n'était pas fixé…
Sauf que, dans ce cas, cela marquera de plus en plus à droite Emmanuel Macron. Or, une parie de son succès reposait justement sur l'ambiguïté qu'il avait su faire régner sur ce point. S'il est renvoyé aux classiques équilibres de la vieille politique, il ne faudra guère longtemps pour que l'on soulève, aussi, la question de la légitimité même de l'Assemblée. Rappelons que cette dernière ne fut élue que par 38,5% des inscrits, un triste record dans les annales de la République. Ce chiffre porte en lui l'interrogation qui va tarauder l'Assemblée: celle sur sa légitimité.
Façade et dépendances…
Les tractations qui se sont déroulées dans les heures qui ont suivie l'annonce de ces démissions avaient pour but reconstruire la façade de l'édifice macronien. Nul ne doute que l'on trouvera nombre de journalistes pour applaudir et féliciter le Président et le Premier-ministre. Pourtant, derrière l'apparence d'un gouvernement ouvert sur la société civile, on devine une vérité plus déplaisante: le pouvoir des communicants, mais aussi d'une technocratie irresponsable car non élue. Et, en ces jours de fête de la musique, il y a un instrument que l'on commence à beaucoup entendre: c'est le pipeau.
Car, c'est la confrontation au réel qui peut s'avérer la plus destructrice pour le projet macronien. Confrontation aux questions économiques et sociales, comme on le pressent avec la question de la réforme du code du travail. Signalons ici que l'INSEE, dans sa note de conjoncture du mois de juin, détruit largement l'idée macronienne que les rigidités du code du travail seraient à l'origine du chômage. Mais aussi confrontation au réel sur la question de la moralisation de la vie politique ou du terrorisme islamiste. Enfin, Emmanuel Macron n'échappera pas à une confrontation avec le réel en ce qui concerne les relations franco-allemandes. A en juger à l'enlisement probable de son offensive sur les travailleurs détachés, il semble bien que cette confrontation ait déjà commencé. Et cette confrontation pourrait bien faire éclater toutes les illusions qui, encore aujourd'hui, entourent son projet.
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