Un coup dur porté par ce proche de Bruno Le Maire au navire LR, qui à l'inverse du PS, était parvenu avec ses alliés à traverser sans complètement sombrer la déferlante «En Marche!» en obtenant plus de 130 sièges à l'Assemblée.
«Bruno Le Maire au moins, en acceptant d'être ministre tout de suite et ayant un candidat Les Républicains contre lui avait levé cette ambiguïté.»
La pilule passe mal, à commencer pour Eric Ciotti, lorsqu'il qualifie sur France 2, ce 21 juin, les constructifs d'«opportunistes sans conviction». Pour autant, pas question pour David Desgouilles de parler de trahison, notamment de la base.
«L'électorat LR n'était pas dupe, on ne peut pas vraiment dire qu'il a été trahi puisque les électeurs Les Républicains ne se sont pas mobilisés pour ces législatives.»
«La plus grave des trahisons en politique c'est la trahison de ses idées» souligne notre intervenant, pour lui cette clarification, même très tardive —après les élections- est un «moindre mal». Il décrit des députés Républicains, qui pour certains, malgré leur vote en faveur de la réélection de Christian Jacob à la tête du groupe, demeurent en accord avec les idées d'Emmanuel Macron sur le «libéralisme, sur le progrès, sur l'Europe.» Quoi qu'il en soit, dans le cas de Thierry Solère, pas de doute pour David Desgouilles que «l'image de traître va lui coller à la peau pour un moment».
Pour justifier leur démarche, les «constructifs» affirment ne plus vouloir être dans l'opposition stérile, «chercher la virgule ou le tiret qui ne va pas afin de justifier qu'on dise non à un texte»- pour reprendre les mots du député Vincent Ledoux. Principal visé par ces critiques, le président du groupe, Christian Jacob. Pour notre expert, cette critique des consignes de vote est un «paravent pour cacher la différence idéologique, le fait qu'ils sont aujourd'hui plutôt d'accord avec Emmanuel Macron», n'énumérant qu'un nombre restreint de cas de figure où les députés sont appelés à faire bloc.
«Quand Thierry Solère raconte que les députés du groupe LR ont le doigt sur la couture du pantalon c'est complètement faux! […] ils doivent voter avec leur groupe sur la confiance, le vote final du budget et c'est tout!»
«Emmanuel Macron a tout à gagner à avoir plusieurs groupes qui le soutiennent d'une manière ou d'une autre.»
Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron pourra s'enorgueillir de cette énième victoire. Après le choix d'un Premier ministre issu des Républicains, il est finalement parvenu à obtenir par ricochet la tête du principal parti d'opposition au Palais Bourbon. En somme, selon David Desgouilles,
« Pour l'instant, il est déjà dans la phase de recomposition — avec En Marche! — alors que tous les autres sont encore en phase de décomposition »
Reste à savoir si, en retour, cette scission permettra à l'électorat de droite —tiraillé entre un FN dans l'incapacité chronique de remporter le second tour d'une élection et une droite de gouvernement qui ne veut pas entendre parler d'alliance avec le FN- de se réconcilier en vue des prochaines élections… en 2020.