Les Républicains en marche vers la décomposition

© AFP 2024 Eric FeferbergEn marche
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L’exécutif pourra-t-il bientôt compter sur un nouveau groupe à l’Assemblée? Une quarantaine de députés issus des Républicains et de l’UDI formeront le groupe des «Constructifs» et se disent prêts à voter la confiance au gouvernement. Coup dur pour Les Républicains, au lendemain des législatives, nouvelle victoire pour Emmanuel Macron.

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Thierry Solère a annoncé ce mercredi 21 juin au matin la formation d'un nouveau groupe parlementaire à l'Assemblée. Baptisé «Les Républicains constructifs, UDI et indépendants», le groupe pourrait rassembler, selon les dires du député des Hauts-de-Seine, une vingtaine d'élus Les Républicains, eux-mêmes rejoints par 18 de leurs homologues de l'UDI à en croire son président, Jean-Christophe Lagarde.

Un coup dur porté par ce proche de Bruno Le Maire au navire LR, qui à l'inverse du PS, était parvenu avec ses alliés à traverser sans complètement sombrer la déferlante «En Marche!» en obtenant plus de 130 sièges à l'Assemblée.​

«Ce qui me gêne surtout dans le comportement de certains d'entre eux c'est qu'ils se sont fait élire sous la bannière les Républicains aux législatives. Je pense notamment au premier d'entre eux, Thierry Solère,» déclare à notre micro David Desgouilles, chroniqueur à Causeur et au Figaro Vox, également auteur du roman de politique-fiction «Dérapage» (Éd. du Rocher, 2017). Il souligne notamment le manque de clarté pour les électeurs.

«Bruno Le Maire au moins, en acceptant d'être ministre tout de suite et ayant un candidat Les Républicains contre lui avait levé cette ambiguïté.»

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Un flou dont la plupart des candidats « constructifs » estampillés Les Républicains ou UDI se défend. Ils martèlent avoir été clairs sur leur profession de foi durant la campagne quant à leur macron compatibilité ou leur intention de voter la confiance au gouvernement. Pas dit pour autant que la base électorale LR s'y retrouve, en effet ces députés ont été élus —non sans un soubresaut électoral- face à des candidats Marchistes ou des partisans de François Bayrou.

La pilule passe mal, à commencer pour Eric Ciotti, lorsqu'il qualifie sur France 2, ce 21 juin, les constructifs d'«opportunistes sans conviction». Pour autant, pas question pour David Desgouilles de parler de trahison, notamment de la base.

«L'électorat LR n'était pas dupe, on ne peut pas vraiment dire qu'il a été trahi puisque les électeurs Les Républicains ne se sont pas mobilisés pour ces législatives.»

«La plus grave des trahisons en politique c'est la trahison de ses idées» souligne notre intervenant, pour lui cette clarification, même très tardive —après les élections- est un «moindre mal». Il décrit des députés Républicains, qui pour certains, malgré leur vote en faveur de la réélection de Christian Jacob à la tête du groupe, demeurent en accord avec les idées d'Emmanuel Macron sur le «libéralisme, sur le progrès, sur l'Europe.» Quoi qu'il en soit, dans le cas de Thierry Solère, pas de doute pour David Desgouilles que «l'image de traître va lui coller à la peau pour un moment».

Pour justifier leur démarche, les «constructifs» affirment ne plus vouloir être dans l'opposition stérile, «chercher la virgule ou le tiret qui ne va pas afin de justifier qu'on dise non à un texte»- pour reprendre les mots du député Vincent Ledoux. Principal visé par ces critiques, le président du groupe, Christian Jacob. Pour notre expert, cette critique des consignes de vote est un «paravent pour cacher la différence idéologique, le fait qu'ils sont aujourd'hui plutôt d'accord avec Emmanuel Macron», n'énumérant qu'un nombre restreint de cas de figure où les députés sont appelés à faire bloc.

«Quand Thierry Solère raconte que les députés du groupe LR ont le doigt sur la couture du pantalon c'est complètement faux! […] ils doivent voter avec leur groupe sur la confiance, le vote final du budget et c'est tout!»

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Au-delà d'être en accord avec ses idées, comment ces députés comptent-il exister? En effet, en se séparant des Républicains dans un hémicycle déjà majoritairement acquis à Emmanuel Macron, du moins suffisamment pour que l'exécutif puisse se passer de leur soutien, ils iront se placer sur un segment déjà occupé par le Modem. Pour notre expert, face à une opposition en délitement, le président est forcément le grand gagnant: «Emmanuel Macron va jouer habillement des uns et des autres», notamment en cas de défection du Modem, dont les principaux ténors ont —pour l'instant- tous été évincés du gouvernement Édouard Philippe suite aux différentes affaires les éclaboussant.

«Emmanuel Macron a tout à gagner à avoir plusieurs groupes qui le soutiennent d'une manière ou d'une autre.»

Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron pourra s'enorgueillir de cette énième victoire. Après le choix d'un Premier ministre issu des Républicains, il est finalement parvenu à obtenir par ricochet la tête du principal parti d'opposition au Palais Bourbon. En somme, selon David Desgouilles,

« Pour l'instant, il est déjà dans la phase de recomposition — avec En Marche! — alors que tous les autres sont encore en phase de décomposition »

Reste à savoir si, en retour, cette scission permettra à l'électorat de droite —tiraillé entre un FN dans l'incapacité chronique de remporter le second tour d'une élection et une droite de gouvernement qui ne veut pas entendre parler d'alliance avec le FN- de se réconcilier en vue des prochaines élections… en 2020.

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