Plusieurs autres pays clefs de la région ont également refusé de soutenir la coalition antiqatarie. Dans ce contexte l'Arabie saoudite et l'Égypte, qui donnent le ton dans la campagne contre Doha, ont dû relacher la pression sur l'émirat. Selon le quotidien Kommersant.
Erdogan à la rescousse
Une semaine et demie après qu'une crise diplomatique très profonde a éclaté dans le Golfe, plaçant les alliés d'autrefois des deux côtés des barricades, le Qatar, isolé, a bénéficié d'un soutien explicite de deux acteurs clefs de la région: la Turquie et l'Irak.
Rappelons que Riyad a été l'un des principaux initiateurs de la démarche diplomatique à laquelle plus de dix pays arabes ont déjà adhéré à différents degrés. Certains États ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, d'autres ont annoncé une diminution du niveau des relations diplomatiques. Ces démarches faisaient suite à la publication, sur le site de l'agence de presse qatarie, d'un communiqué au nom de l'émir al-Thani sur la nécessité d'un rapprochement avec l'Iran chiite — le principal adversaire géopolitique des monarchies sunnites du Golfe.
A la veille de la visite de Mevlüt Cavusoglu à Doha, le président Erdogan s'est posé en principal défenseur du Qatar. Devant les membres du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, il a mis en garde les initiateurs du blocus contre les risques d'une telle politique « lourde de conséquences ». « L'isolement du Qatar est une erreur fatale contraire aux valeurs islamiques », a déclaré Erdogan. « Le Qatar a adopté une position intransigeante contre l'organisation terroriste État islamique sévissant en Turquie. Les persécutions contre le Qatar par une campagne lancée contre lui ne mèneront à rien de bon », a-t-il ajouté. Selon le chef de l'État turc, dans cette situation le « roi d'Arabie saoudite, en tant que leader des pays du Golfe, doit régler la crise ».
Ankara a tout intérêt à régler la situation car la crise autour du Qatar pourrait se retourner contre la Turquie, notamment en créant de nouveaux foyers de déstabilisation et en réduisant son influence au Moyen-Orient.
Dans le camp de Doha
La déclaration du président Erdogan, qui a tenté de reprendre l'initiative à la coalition internationale formée contre le Qatar, a coïncidé avec celle du premier ministre irakien Haider al-Abadi. Ce dernier estime que les sanctions contre l'émirat « ne frappent pas les autorités mais le peuple ». Initialement Bagdad avait affiché une position neutre dans le conflit autour du Qatar, afin de rester à l'écart. Mais finalement les autorités du pays ont décidé d'adopter la même position que la Turquie. Le Koweït, Oman, le Maroc et la Jordanie refusent également de se positionner contre l'émirat.
Le groupe de soutien au Qatar ne se limite pas aux pays du Moyen-Orient. En Asie du Sud, le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a été l'un des premiers à annoncer sa réticence à rompre les relations diplomatiques de son pays avec le Qatar.
Enfin, Doha pourrait également bénéficier d'un soutien en Europe. « Les importateurs européens d'hydrocarbures qataris ne souhaitent pas que la situation se détériore dans la région et appellent déjà à régler le conflit au plus vite. Tout cela montre qu'autour du Qatar se forme une coalition alternative capable de s'opposer d'égal à égal à l'Arabie saoudite et à ses alliés », conclut Grigori Kossatch.
Le Caire, autre initiateur du blocus, a également changé de ligne. Le ministre égyptien de l'Aviation civile Cherif Fathy a annoncé que son pays levait les restrictions contre les compagnies aériennes qataries sur l'utilisation de son espace aérien. De son côté, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré hier dans une interview à la radio allemande Deutschlandfunk que la crise diplomatique autour du Qatar ne devait pas dégénérer en guerre et que la stabilité devait être rétablie dans la région.
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