Les radicaux qui ont prêté serment à Daech opposent une résistance farouche aux troupes du président Rodrigo Duterte, qui a conclu en mai 2017 un accord militaire avec la Russie. Si les radicaux étaient expulsés de la ville, ils pourraient trouver refuge en Indonésie. Les autorités du pays, préoccupées par cette perspective, ont renforcé les mesures de sécurité à titre préventif.
Les chrétiennes mettent un voile pour fuir
Comme l'explique l'orientaliste et docteure en sciences politiques Natalia Rogojina, l'affrontement entre les islamistes et les forces gouvernementales a pris la forme d'une guérilla urbaine: « Les combats de rue rencontrent une résistance farouche des terroristes, qui laissent derrière eux des mines et retiennent des civils en otage ». Après trois semaines de combats, la situation reste incertaine à Marawi. Selon l'agence de presse Reuters, les forces gouvernementales ne parviennent pas à prendre le dessus sur les islamistes. Aamaq, la revue de Daech, affirme que les djihadistes maintiennent le contrôle sur les deux tiers de la ville.
L'éventuelle apparition d'un avant-poste d'islamistes radicaux en Asie du Sud-Est inquiète l'Indonésie, que seul un détroit étroit avec quelques îles sépare de l'île de Mindanao au sud des Philippines. Le général de Jakarta, Gatot Nurmantyo, pense que Daech dispose de cellules dormantes en Indonésie et que le pays a de quoi être préoccupé par les événements.
L'Indonésie, nouvelle capitale ou simple refuge?
D'après Dmitri Mossiakov, les perspectives des radicaux en Indonésie sont minces. « Il faut tenir compte de la nature de l'islam indonésien, où il est souvent question d'une superstructure englobant le culte traditionnel des esprits. Bien évidemment, on trouve des Indonésiens prêts à soutenir Daech et il y a eu des volontaires au Moyen-Orient, mais après tout ces criminels ne sont pas si nombreux », estime l'expert.
Les autorités de l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde (300 millions d'habitants) ont l'intention de prendre des mesures préventives. Les habitants de l'archipel se souviennent encore de l'un des plus importants attentats islamistes du XXIe siècle en 2002, à Bali, qui avait emporté la vie de 202 personnes, dont des touristes occidentaux. En 2016 les attaques perpétrées par les islamistes ont secoué la capitale du pays, Jakarta.
Les islamistes des mille îles
D'après l'expert, la situation se complique à l'approche de la présidentielle — et l'apparition de « réfugiés » islamistes est très importune. « A la veille de l'élection en Indonésie, les sept principales organisations musulmanes ont formé une alliance. Leur consolidation est un mauvais signe car séparément elles ne représentaient pas une force significative, mais désormais, du moins en apparence, elles se transforment en un acteur plus sérieux », craint l'orientaliste.