En réalité, « sa proposition ne l'oblige pas à grand-chose », explique Simone Susskind, étant donné que les ventes d'armes se décident en Belgique au niveau des régions, lesquelles en appellent ensuite à l'Europe.
La région Wallonie, qui a établi en 2015 un nouveau record avec 575,8 millions d'euros d'armement fournis à l'Arabie saoudite, soit 60 % de son chiffre d'affaires dans le secteur, est particulièrement concernée. Mais son ministre-président s'est dit fatigué de voir le Fédéral « faire payer ses errements diplomatiques par les régions ».
Dans la foulée, le parti écologiste belge — Groen —, a déposé une résolution en session au parlement fédéral le 9 mai, pour que le Royaume de Belgique revoie ses fréquentions avec le royaume wahhabite, au nom des droits de l'homme. Un texte que la majorité gouvernementale tenterait de limiter le texte aux seules questions d'armement, pour « refiler la patate chaude aux régions », selon Christophe Stiernon, chargé de recherche au Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP), afin de gagner du temps et d'étouffer la controverse.
« La Belgique est candidate au Conseil de Sécurité de 2019, c'est un enjeu très important. Ce n'est peut-être pas le bon moment de se mettre à dos des pays qui pourraient être des alliés » constate Simone Susskind, pour qui le vote a eu le mérite d'avoir relancé le débat « Je pense qu'il serait temps que l'Europe se réveille aussi. Nous ne sommes pas le seul pays à avoir des relations commerciales très dense avec l'Arabie Saoudite. Ce sont des questions éthiques, dont l'Europe devrait avoir le courage de s'emparer. »