Les États-Unis confortent leur position de premier exportateur mondial avec 33 % de parts de marché, en augmentation de 3 %, et la France progresse d'une place au quatrième rang mondial, notamment du fait d'importants contrats signés avec l'Égypte. Dans une interview accordée à Sputnik, Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements, revient sur ce classement, estimant que « si on cumule l'ensemble des pays européens, je pense que l'Union européenne dépasse la Russie au niveau des exportations d'armes. »
Il analyse ensuite le lien entre les conflits en cours et les ventes d'armes: « On ne peut pas dire que ce sont les transferts d'armes qui créent les conflits, mais ils les alimentent, c'est-à-dire qu'ils permettent une répression plus forte, un nombre de morts plus important et donc une augmentation après, par effet boule de neige, de ces conflits. Surtout qu'une fois que les conflits, éventuellement, se terminent, les armes qui sont stockées dans une région restent, et donc maintiennent un état de tension. »
Il y a pourtant des zones, où les ventes d'armes ne sont pas liées directement à des conflits en cours comme au Moyen-Orient. Il s'agit de l'Asie, où il les tensions sont vives entre l'Inde, la Chine, le Japon, la Corée du Nord, la Corée du Sud. Bien que l'augmentation des importations d'armes dans cette région soit liée à une recherche de leadership entre ces puissances, leur équipement pourrait toutefois déboucher sur une utilisation d'armes, estime l'expert.
« Nous, on ne se réjouit pas du tout de ces tensions: si l'Arabie saoudite, notamment, a acheté des armes, c'est pour les utiliser comme elle le fait actuellement au Yémen, ce n'est pas juste pour parader ou les mettre en vitrine, et derrière ça veut dire des populations qui souffrent, des populations qui sont tuées par les armes que l'Occident leur a vendues », conclut Patrice Bouveret.
Le Parlement européen a réclamé l'année dernière un embargo sur les livraisons d'armes des pays de l'Union européenne à l'Arabie saoudite condamnant ainsi « les frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie et le blocus naval qu'elle a imposé au Yémen, qui ont conduit à des milliers de morts, et ont encore déstabilisé davantage » le pays.
Selon les données du Centre yéménite pour les droits et le développement, depuis le printemps 2015, le conflit a coûté la vie à plus de 10 000 civils, dont 2 400 enfants et 2 000 femmes.
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