Vous êtes sain d'esprit, avec un casier judiciaire vierge et un canapé libre? Alors vous pourrez postuler pour héberger un jeune réfugié. « L'État ne peut pas tout faire », constate une fois de plus Utopia 56, qui vient de mettre en place une convention permettant à des volontaires d'accueillir chez eux des réfugiés. L'initiative existe déjà, mais celle d'Utopia 56 a ceci d'inédit qu'elle concerne aussi les mineurs isolés. « Des centaines de réfugiés adolescents dorment actuellement dans les rues de Paris ou des grandes villes de France», s'indigne l'association dans un communiqué, qui a géré un temps de Camps de la Linière à Dunkerque.
Accueillir un exilé au sein de son foyer n'est pas sans risque. Mais l'hébergeur agit en toute connaissance de cause: si le migrant n'est pas encore en possession d'une demande d'asile ou si la minorité est contestée, le volontaire s'expose à des poursuites pour délit d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier, celui que les associations d'aide aux migrants appellent « délit de solidarité ». La loi écarte les cas où cette aide n'a donné lieu à aucune contrepartie, précise Me Julie Bonnier, qui travaille pour Utopia 56 sur ce projet, tout en ajoutant qu'il « n'y a aucune garantie » dans ce genre d'affaire qui tend à se multiplier.
« C'est complètement nouveau pour les mineurs isolés étrangers, sur lesquels pour l'instant il n'y avait peut-être pas d'associations qui proposaient de convention qui encadrait les droits et devoirs d'un hébergeur, avec un soutien de l'association. »
À quelques pas du lieu de lancement de cette initiative, ce mercredi 3 mai, le centre humanitaire de La Chapelle. S'ils n'attirent l'attention que lorsque la police les malmène, les migrants continuent de trouver refuge dans des tentes de fortune aux abords de ce lieu où seules 400 places sont disponibles. Selon l'association, qui garde secret le nombre de mineurs recensés dans la capitale, il y aurait en tout quelque 800 migrants actuellement dans les rues du XVIIIe arrondissement de Paris. Avec un nombre de primo-arrivants évalué entre 70 et 80 par jour, le lieu ne peut pas remplir sa fonction d'hébergement, même temporaire:
Lancé à Paris, dans le Nord pas de Calais et en Bretagne, Utopia56 souhaite étendre l'initiative à d'autres régions. L'hébergeur s'engage sur des périodes allant de quelques jours à un mois. « Beaucoup de gens en France hébergent, mais le font sans soutien d'association. Nous proposons un soutien simple et un accompagnement assez pratique », poursuit Valérie, qui compte placer au moins 10 mineurs et 10 majeurs par mois « On souhaite une France qui soit plus accueillante », conclut-elle.