Des vagues d'inscriptions successives qui semblent aller de pair avec les moments forts de la couverture médiatique de la crise des migrants et de la guerre en Syrie, tels que l'épisode du petit Aylan, ce jeune enfant Kurde retrouvé mort sur une plage de Turquie le 2 Septembre 2015, le démantèlement des camps sauvages formés sous le métro parisien cet été ou encore la reprise d'Alep-Est, qui fut présentée dans les médias occidentaux d'une manière particulièrement émotionnelle.
Près de 11 associations, sélectionnées par le gouvernement, servent ainsi d'intermédiaires entre des personnes prêtes à mettre à disposition pour un trimester, voire un an, une chambre libre à des réfugiés dont la demande d'asile a été acceptée. Car des impératifs demeurent: pour ceux souhaitant se porter volontaires pour accueillir un réfugié, il faut disposer d'une chambre privative et s'engager pour une période minimale de trois mois. En contrepartie, la Ministre annonçait une aide financière, jusqu'à 1 500 euros par personne et par an. Une aide toutefois réservée aux associations, tenues d'assurer le suivi social des personnes hébergées.
Pour nous faire notre propre idée concernant la volonté des parisiens d'accueillir chez eux un demandeur d'asile, nous sommes allés à leur rencontre, il s'agit bien entendu d'un échantillon non exhaustif.
Exercice délicat, tant le poids de la caméra – et à travers elle, le regard de la société – a semblé peser sur les personnes interviewées, dont plusieurs, après nous avoir répondu qu’elles ne souhaitaient pas accueillir de réfugiés chez elles, nous ont finalement exprimé leur souhait de ne pas voir leur visage apparaître au montage final. Elles avaient indiqué ne pas se sentir « à la hauteur », invoquaient des raisons familiales ou mettant en avant d’autres solutions qui leur semblaient plus adaptées à l’accompagnement de personnes en rupture avec leur pays et culture d’origine.
Les autres personnes qui ont accepté de nous répondre étaient majoritairement favorables à l’accueil d’un réfugié ou de toute autre personne en situation de difficulté, mais la plupart nous ont fait part de réserves qui les empêchaient de le faire actuellement.
Des réserves sous forme d'interrogations, concernant la durée, certains mettant en avant qu'ils ne se sentent pas à l'abri d'un revers de fortune, d'autres qu'ils ne savent pas vers qui se tourner pour avoir plus d'informations, notamment concernant le cadre légal d'un tel accueil.
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