C'est acté: l'État va débloquer 3.9 millions d'euros par an pour le bon fonctionnement du camp de la Linière, dans la commune de Grande-Synthe, près de Dunkerque. Un camp qui accueille les migrants qui logaient auparavant dans le camp malsain du Barsroch. Un contrat tripartite a été signé lundi 30 mai entre l'État, la commune et l'Afegi, association de lutte contre l'exclusion. Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur et Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'Habitat durable, se sont rendus sur place. Au programme: rencontre des familles, des représentants des associations et signature de l'accord. Frank Spicht, directeur du territoire du Littoral à l'Afegi, la dimension symbolique de cette signature est forte, trois mois après son ouverture controversé par la mairie et Médecins Sans Frontières:
"La reconnaissance, par le financement de l'État du camp, montre qu'effectivement nous sommes sur un processus qui veut que ce camp soit organisé, soit régi et que les principes républicains s'appliquent sur le camp. Le financement de l'État, c'est quand même cette symbolique-là."
"Ce que je constate c'est qu'il y a une implication très forte des associations humanitaire, caritatives et bénévoles, c'est extraordinaire ce qui se passe comme engagement militant et humanitaire sur ce camp. Ça avait sans doute besoin d'être un peu régulé: d'où sans doute effectivement cette demande de coordination auprès de l'Afegi."
Les maraudes seront renforcées: une "maison des pouvoirs publics", installé sur le camp, va permettre de promouvoir l'asile en France et d'orienter les migrants vers des centres d'accueil et d'orientation. Un travail déjà accompli en partie par l'Afegi: à l'ouverture du camp en mars, ils étaient 1500 et ne sont plus que la moitié actuellement. Chose nouvelle, les enfants âgés de 6 à 12 ans seront scolarisés dans des écoles et collèges de Grande-Synthe à la rentrée prochaine. Une navette sera mise à disposition.
"Aujourd'hui, il y a la convention tripartite entre l'État qui finance, la ville qui a installé et met à disposition les terrains, et l'Afegi, qui est leur régisseur principal du camp. Mais pour autant, ce n'est pas l'État qui gère: nous avons mis en place, via la convention, un comité de pilotage."
"Les camps de cette taille-là sont difficilement gérables […]. Pour être dans quelque chose de plus humain, c'est peut-être des petits camps qu'il faut reproduire ailleurs plutôt que d'être sur de grands camps. Pour autant, il y a beaucoup d'inconnues, vous vous en doutez bien, sur l'évolution du phénomène migratoire sur le littoral. Aujourd'hui, on constate une baisse du nombre de migrants mais qui dit que dans quelques semaines, ou quelques jours, nous ne serons face à une vague d'arrivées de migrants du le littoral? Bien malin celui qui peut augurer de l'avenir d'un tel phénomène."
L'État aide, mais ce camp doit fonctionner "de façon temporaire", avant "la fermeture progressive du camp au fur et à mesure des départs des personnes migrantes". Le maire l'a également répété, ce camp est un "sas" pour ceux qui se retrouvent dans l'impossibilité de gagner le Royaume-Uni ou ont besoin de temps pour réfléchir à une nouvelle orientation de vie. Face à l'arrivée de l'État comme financeur, qui n'a jamais voulu de ce camp, les associations n'étaient pas très rassurées. Mais selon Claire Millot, représentante de SALAM qui a rencontré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a été clair: "Nous ne sommes pas venus détruire ce que nous allons financer."
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