"Agir face à la crise des réfugiés", "Bruxelles présente son plan contre la crise migratoire"… ces grands titres font partie de notre quotidien. Trop souvent répétés, ces slogans provoquent un filoutage du tableau.
Mais, n’y a-t-il de contradiction? L’installation des nouveau-venus devrait coûter nécessairement de l’argent.
Nous nous sommes adressés à Charles Sannat, économiste et rédacteur en chef du site Insolentiae.com pour comprendre d’où venait cette croissance paradoxale?
"C'est pas du tout un paradoxe. C'est surtout de la propagande. A ce niveau-là, on n’est même pas dans la désinformation, on n'est pas dans un problème économique, on se situe dans le domaine du mensonge d'état. L'Etat et l'UE prône et prêche sa propre politique. La réalité est qu'aujourd’hui les refugies – c'est un coût. Les pays européens dépensent 5 à 6 fois plus qu'ils n'obtiennent de croissance.
Le vrai sujet: doit-on accueillir les migrants? Comment on le fait? Comment on crée la politique d'asile: est-ce qu'on reparti les gens dans les différents pays ou on fait des grands camps, des hot-spots? C'est une réponse politique et humaniste.
Par contre, en tant qu'économiste, j'affirme qu'à court terme l'arrivée des migrants a un coût, et c'est logique. Ce sont les dépenses supplémentaires qui ne sont pas chiffrées. La Commission européenne admet elle-même que les dépenses publiques vont augmenter du fait d'arrivée des migrants et de la hausse des allocations sociales. J’ose espérer que tout le monde est d’accord qu’il faut assurer ce cout qui empêche tout simplement de se faire tuer".
L'économiste du FN Philippe Murer confirme d'ailleurs ce le lien entre l’arrivée massive des refugiés et la croissance, de point de vue "technique", en démasquant par la même occasion un discours démagogue de l'UE:
"Cela a un impact positif sur la croissance d’une façon brut et mécanique. Quand on a un surplus de dépenses publiques, même si ce sont les dépenses de sécurité ou l’aide financière aux réfugies, mécaniquement, on a plus de croissance. Le problème est que si ces dépenses sont relativement improductives, on a un faible multiplicateur et cela crée peu de croissance. Surtout, elle accroît une dette publique.
C'est un peu artificiel tout ça: il valait mieux accroître la dépense publique pour soutenir notre industrie, faire des projets de recherche et de développement, des projets utiles pour les citoyens".
Si on se tenait au point de vue strictement économique, Bruxelles considère l'afflux des réfugiés comme une bonne chose. Par exemple, comme l’a précisé le Figaro, "on espère que cela pourrait contribuer à éponger un tout petit peu les excédents extérieurs de l'Allemagne, dont la balance des paiements a dégagé un excédent de 248 milliards d'euros l'an dernier".
"L’excédent commercial allemand est un vieux serpent de mer. Il est absolument monstrueux, depuis l’introduction de l’euro il est devenu énorme, au moins 8% du PIB. La croissance allemande prise sur les autres pays, ça y fait des déficits: en Espagne, en Italie et surtout en France. Il faudrait des procédures pour les déficits excessifs de l’Allemagne. Sauf que l’Allemagne n’en ait aucune envie. La meilleur chose serait d’avoir des monnaies différentes".
L'explication de Philippe Murer:
"Ca va créer un peu de richesse. Parce que cela veut dire qu'il faut embaucher les gens, avoir plus de policiers qu'on a eu en France. Il aura un peu de consommation dés refugies qui sera distribuée ailleurs.
Mais, il y a l’économie, et il y a des choix des citoyens. Ce choix et majoritairement pour arrêter le flux des migrants. Il ne faut pas confondre l’économie avec d’autres domaines de la société. Au nom de l’économie, on ne doit pas faire n’importe quoi, c’est essentiel!"
"Celui qui se contente aujourd’hui lire le titre de cet article — "Les réfugiés vont accroître la croissance de 0,2 à 0,3% en Europe, selon Bruxelles" (lefigaro.fr/economie) doit savoir que les journalistes qui mettent en avant cet argument, sont coupables du mensonge faite à l’opinion publique. Il ne faut pas cacher aux gens ni le fait que les migrants et les réfugiés – ça a un coût, ni les problèmes que cela pose. Il faut qu’on puisse apporter collectivement de bonnes solutions".
Nous avons reçu un commentaire du député de l’Assemblée Nationale Yannick Moreau au sujet de la déclaration de la Commission européenne sur "l'impact économique positif des réfugiés":
"L'annonce des commissaires européens au sujet d'un éventuel effet bénéfique de l'arrivée de réfugiés pour la croissance de l'Union européenne a de quoi surprendre par son aspect froid et distant alors que le traitement d'un tel sujet demande un peu plus de compassion et de réalisme.
Compassion car il s'agit de drames humains, d'exodes et d'arrachements qui ne sauraient constituer un motif de satisfaction comptable. La solution au redémarrage de la croissance européenne ne consiste donc pas à vider les pays du Moyen-Orient de ses populations, mais dans le soutien aux familles.
La solution de la crise migratoire réside dans une action internationale unifiée pour éradiquer Daech et permettre à ces centaines de milliers de familles de rester dans leur pays".
Ainsi, a qui qu'on s’adresse pour parler des chiffres et des pourcentages de croissance, c'est à l'humain et au social qu'on revient.