Les concours ACM ICPC sont les olympiades les plus prestigieuses et d'envergure pour les informaticiens. Elles étaient organisées par l'université A&M, au Texas, depuis les années 1970, mais elles sont devenues mondiales après 1997 quand IBM a commencé à financer ce projet.
Le MFTI participe à ces concours seulement depuis 2008 car avant cette date l'université n'avait pas d'importantes traditions informatiques. En 2012, Alexeï Maleev et ses collègues ont décidé d'organiser des rassemblements ouverts pour préparer la finale — d'abord avec la participation des plus fortes équipes russes, puis des informaticiens du monde entier. La formation est prise en charge non seulement par le MFTI mais également par les informaticiens de l'université ITMO et de l'université d'État de Saint-Pétersbourg, dont les étudiants obtiennent régulièrement de très bons résultats à de ces olympiades.
Répéter la finale
Alexeï Maleev explique que ces rassemblements sont une simulation rapprochée au maximum des conditions réelles de ce qui se passe généralement pendant les finales des ACM ICPC. Hormis la préparation mathématique et informatique, de tels rassemblements permettent également aux participants à la finale d'être mentalement et physiquement prêts pour le concours, et de déterminer comment il interagiront entre eux.
Mikhaïl Tikhomirov, entraîneur principal de l'école et finaliste de plusieurs grands tournois russes et internationaux, indique que le Centre de développement de l'enseignement informatique organise des entraînements dans deux formats: pour les équipes débutantes qui comptent arriver jusqu'en demi-finale, et pour les finalistes des ACM ICPC. Le premier format accorde davantage d'attention à la résolution d'une classe concrète de tâches, et le second aux interactions au sein de l'équipe et à la psychologie.
Selon Alexeï Maleev, le niveau des rassemblements pour les finalistes est si élevé que pratiquement toutes les plus grandes équipes d'informaticiens du monde entier y participent. L'an dernier, 8 des 13 équipes qui ont remporté les ACM ICPC ont participé aux entraînements de printemps du MFTI. "En fait, nos entraînements peuvent qualifiées de "répétition officieuse de la finale", souligne le directeur du Centre de développement de l'enseignement informatique.
C'est primordial car le niveau des "hackers russes" attire les participants étrangers les plus talentueux des ACM ICPC et les forcent à s'orienter sur les vainqueurs russes du concours et leurs entraîneurs, qui ont également participé et remporté de telles olympiades informatiques auparavant. Cette année, déclare Alexeï Maleev, 170 étudiants et entraîneurs représentant 19 pays et 44 universités sont venus à ce rassemblement.
Le directeur du Centre de développement de l'enseignement informatique explique que toute la formation est gratuite pour les participants — ils doivent seulement verser une cotisation d'organisation (environ 500 dollars) et se rendre à Moscou à leurs frais. L'hébergement, la nourriture, les excursions et les autres points du programme des cours d'une semaine sont pris en charge par les sponsors du projet — les plus grands compagnies informatiques russes et étrangères comme Mail.Ru Group, Kaspersky Lab, Huawei, Snapchat, Facebook et bien d'autres.
"Je n'ai pas vu de hackers russes"
Le résultat de la compétition officieuse de l'école cette année fut très intéressant: pendant les cinq premiers jours, l'équipe des étudiants de l'université de Xinhua (Chine) était largement en tête, mais le dernier jour ils ont soudainement fléchi pour se placer seulement en 5e-6e place.
D'après Oleg Khristenko, ce n'était pas intentionnel: tous les problèmes choisis pour la dernière journée de travail de l'école étaient très complexes et le plus proche possible de ce qui sera proposé en finale des ACM ICPC, qui se tiendront cette année à Rapid City dans le Dakota du Sud. Durant la première heure du concours il était impossible de déterminer quels problèmes étaient les plus difficiles — c'est pourquoi tout a certainement reposé sur le hasard.
Finalement la première place a été remportée par les étudiants de l'université d'État de Saint-Pétersbourg, suivis de l'équipe australienne de l'université de Nouvelle-Galles du Sud de Sydney, la troisième et la quatrième places ont été partagées par l'université ITMO de Saint-Pétersbourg et l'une des deux équipes du MFTI.
Alexeï Maleev a ajouté que toutes les équipes voyaient leurs résultats dans les quatre premières heures du marathon informatique, ce qui leur permettait de ruser parfois en réservant un ou plusieurs problèmes résolus jusqu'au moment où la diffusion des résultats au tableau était figée. Une telle approche permet d'obtenir un avantage, mais qui comporte tout de même un risque: des minutes de pénalité sont attribuées pour chaque problème tant que ce dernier n'est pas résolu, ce qui réduit la tentation de retenir les résultats.
Pour sa part, Alexeï Maleev a souligné que le MFTI et l'école cherchaient à rester strictement en dehors de la politique et que pour l'instant, aucun finaliste russe des ACM ICPC ou simplement un membre de l'école n'avait intéressé les structures de force. Selon lui, de tels rassemblements permettent de diffuser l'influence de la Russie par d'autres moyens, plus pacifiques. "Nous travaillons avec l'élite mondiale. Nous n'apprenons pas seulement à résoudre des problèmes mais nous inculquons également les valeurs culturelles russes. Nous leur avons fait visiter la galerie Tretiakov, le musée de la cosmonautique et d'autres curiosités. Chacun repart avec un petit bout de notre culture."
"Nos collègues aux États-Unis entendent souvent associés le haut niveau de préparation de nos équipes et les "hackers russes" — et d'autres mèmes similaires. Il n'existe aucun lien direct entre la cybersécurité et nos championnats, et nous n'avons pas de tâches spéciales de ce genre. Pour une certaine raison, les diplômés de notre école ne deviennent pas des hackers. J'ignore si c'est une bonne ou une mauvaise chose mais nous devrions probablement travailler là-dessus à terme", conclut Alexeï Maleev.