Lioubov Glebova, sa directrice, explique à RIA Novosti les raisons de venir en Russie obtenir un diplôme d'études supérieures, et précise qui pourrait être intéressé par ce programme. La directrice de Rossotroudnitchestvo Lioubov Glebova partage avec la correspondante de RIA Novosti Ioulia Ossipova la manière dont la Russie compte accueillir un nombre croissant d'étudiants étrangers.
- Madame Glebova, combien d'étrangers viennent chaque année en Russie pour obtenir gratuitement un diplôme d'études supérieures?
— Chaque année depuis trois ans, la Russie invite 15 000 étrangers à étudier gratuitement dans nos universités. Plus de 400 établissements du pays participent à ce programme.
Les citoyens de 198 pays du monde peuvent ainsi envoyer leurs demandes pour étudier les spécialités les plus diverses et variées (médicales, techniques, ou même la physique nucléaire). Un domaine à part a été créé pour les russisants, les linguistes et les philologues. Tout ce qui concerne la langue russe est aujourd'hui très sollicité à l'étranger.
- Que doit faire un citoyen étranger s'il veut rejoindre ce quota d'étudiants pouvant rejoindre gratuitement une université en Russie?
— Il doit s'enregistrer sur le site www.russia.study. La procédure demande environ 20 minutes et se décompose en deux étapes élémentaires: le citoyen étranger confirme son identité, puis il entre son adresse électronique. Une confirmation arrive presque immédiatement. Le courrier électronique est nécessaire pour maintenir une liaison rapide et sûre avec l'étudiant potentiel, et sa réaction opérationnelle dépendra de son propre intérêt à suivre les études choisies.
Après cette vérification, le candidat obtient un accès au formulaire et remplit des informations sur son parcours scolaire, ses accomplissements personnels, indique le domaine dans lequel il souhaite étudier et rédige une lettre de motivation. Ce formulaire arrive dans la liste commune des formulaires par pays. Puis l'opérateur (un dans chaque pays) procède à une sélection préalable de candidats.
- Est-il possible que certains étrangers peu instruits arrivent à prendre la place d'étudiants russes très prometteurs? Prévoit-on une sorte de concours?
— Dans la plupart des pays il existe des représentations de Rossotroudnitchestvo, des Centres culturels et scientifiques de Russie, des ambassades, des départements de l'éducation et des associations. A l'heure actuelle, nous négocions avec les universités pour que l'un de leurs représentants fasse également partie de la commission.
Cette année est une première et la procédure de sélection se présentera sous la forme d'un entretien ou d'un test. Mais dès l'année prochaine nous comptons passer à une évaluation à part entière avec un système de concours et de tests. Un classement séparé sera établi dans chaque pays. La sélection passera aussi par des concours organisés par les universités russes dans d'autres pays. Actuellement, Rossotroudnitchestvo travaille pour faire en sorte que ces tests soient adéquats et se correspondent.
— Que faire au sujet des candidats qui n'auraient pas passé les sélections?
— Même si un citoyen étranger n'était pas retenu dans le cadre de la sélection des 15 000 étudiants, il lui sera proposé d'étudier dans une université russe sous contrat. Étant donné que le coût des études dans nos nombreuses universités est relativement bas (dans la plupart entre 1 000 et 1 500 euros par an), un tel format serait également intéressant pour certains.
- A quelle étape les universités elles-mêmes entrent en action? De quelle manière un candidat recommandé arrivera-t-il dans une université concrète?
— Après avoir passé la sélection pour étudier dans le cadre des quotas, le citoyen étranger choisit 6 universités où il voudrait étudier par ordre de préférence. Puis chaque université ouvre son propre "cabinet électronique" et choisit tel ou tel candidat. S'il n'est pas choisi par la première université de la liste, ses informations sont transmises à l'université suivante. Ainsi, le candidat peut arriver jusqu'à la sixième université. Si aucune des six universités ne l'a choisi, le ministère russe de l'Éducation et de la Science propose une situation alternative pour étudier dans un autre établissement. Croyez-moi, personne ne sera oublié.
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- D'après vous, la Russie va-t-elle conserver sa réputation de grand pays universitaire au niveau mondial? Par quoi sont motivés les étudiants qui viennent y fréquenter l'université?
— Premièrement, la Russie offre un enseignement de qualité en ingénierie, en sciences naturelles, en mathématiques, en philologie et tout ce qui touche à la langue russe. L'enseignement médical russe est également très populaire à l'étranger. Même chose avec la musique, le théâtre et le cinéma russe, qui continuent de susciter beaucoup d'intérêt auprès des étrangers. Et bien que l'éducation russe ait traversé une période difficile, elle continue d'être appréciée dans le monde comme fondamentale, accélérée et interdisciplinaire.
Deuxièmement, les études et la vie en Russie sont moins coûteuses que dans d'autres régions, en Europe notamment. Troisièmement, la Russie est un pays qui a éduqué les leaders de beaucoup d'États: nombreux sont ceux qui occupent aujourd'hui des postes dirigeants dans leur pays et ont étudié autrefois en Russie. Aujourd'hui, quand leurs enfants atteignent l'âge d'aller à l'université, ils s'intéressent beaucoup à l'enseignement russe, conscients que les études y ouvrent un large horizon, des connaissances utiles et donnent les bons repères. Cela ne concerne pas seulement les pays de la CEI mais également les pays émergents d'Asie et d'Afrique, certains pays européens, ainsi que les pays d'Amérique latine.
- Quel sera le profit et l'utilité, d'après vous, de ce projet pour la Russie?
— Avant tout il permettra aux universités russes d'assurer leur avenir, de faire les bons investissements. Les étudiants étrangers compétents qui ont fait leurs études en Russie resteront loyaux à la Fédération de Russie de retour dans leur pays. S'ils se plongent dans la science, alors ils établiront des relations étroites avec les organisations russes d'enseignement et scientifiques. Les étudiants les plus motivés et les plus sollicités resteront en Russie pour continuer leurs études et y travailler. En fait, nous attirons dans le pays les futurs cadres nécessaires à notre économie et à notre système éducatif.
De plus, les quotas pour l'enseignement gratuit dans les universités russes s'étendent également au master et au doctorat, ce qui est un indicateur direct de mobilité académique, un élément contribuant à l'échange étudiant. Les universités établissent des contacts au niveau international. En ce qui concerne les étudiants étrangers qui viennent faire des études sous contrat, hors quotas, ils représentent un gain très significatif pour les universités.
- Pour étudier en Russie il faut parler russe — une langue très difficile. Organisera-t-on un soutien linguistique pour les étudiants étrangers?
— Il existe des facultés préparatoires auprès de nombreuses universités russes. Une partie des étrangers qui ne parlent pas très bien russe (on en compte près de 4.000 chaque année) passe une année entière à la préparation linguistique. Mais cela coûte jusqu'à 100.000 roubles (environ 1.250 euros) par an pour chacun de ces étudiants. L'État perd de l'argent, et eux perdent du temps.
C'est pourquoi Rossotroudnitchestvo prévoit de créer avec les universités russes des facultés préparatoires "extérieures" dans divers pays du monde pour y ouvrir des centres de formation pour apprendre le russe, ainsi que des centres de tests.
- Beaucoup de volontaires souhaitent-il profiter de l'offre d'études gratuites dans nos universités?
— On constate actuellement une forte activité de ceux qui souhaitent étudier en Russie: les gens appellent, posent des questions sur les réseaux sociaux et s'enregistrent sur le site. Pour l'instant ce sont les habitants de la CEI qui témoignent du plus grand intérêt, ce qui était tout à fait attendu étant donné que l'information sur l'appel aux étudiants s'est rapidement répandue dans le milieu russophone.
Le recrutement de citoyens étrangers pour étudier gratuitement dans les universités russes est un projet à long terme. Et comme il s'agit également d'un outil efficace de la politique étrangère russe, on voudrait à terme augmenter les quotas.