Entre piques et saillis, que faut-il retenir de cette première confrontation? La dernière partie de l'émission concernait la place de la France dans le monde « Entre l'Amérique de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine », avec en ligne de mire la lutte « contre Daech, en Syrie, en Irak et sur notre sol ».
Emmanuel Macron est le premier à remarquer la grande absente des discussions: l'Europe, essayant de la replacer dans le débat. D'emblée, il prône une « France forte » dans une Europe « indépendante mais responsable ». Évinçant l'idée d'un rapprochement avec la Russie, mais évitant de parler des États-Unis.
« Ça ne veut rien dire du tout, comme on lui a fait le reproche […]. Il continuera la politique de Sarkozy et de Hollande, si d'aventure il était élu. Donc, plus de soumission à Washington et plus d'intégration européenne, chose qui retire toute grandeur à la France. C'est parfaitement incohérent ».
« Macron et Hamon s'affrontent, mais c'est plutôt une illusion. Dans la réalité, ils défendent la même chose. Hamon ajoute qu'il propose une hausse du budget de la défense à 3 % du PIB, ce qui veut dire une augmentation à 24 ou 25 milliards d'euros. On se demande comment il va les utiliser et financer, vu qu'il ne veut pas sortir des traités européens qui l'empêcheraient de faire une dépense de ce volume au profit des armées ».
« Il propose une conférence de sécurité, dont le but est de réintroduire la discussion avec la Russie pour éviter tout risque de guerre en Europe, vers lequel nous a entraîné un certain aventurisme des États-Unis, en déployant les batteries de boucliers anti-missile en Pologne et en Roumanie, qui a provoqué une réaction du même ordre du côté russe […]. Une conférence de ce type est salutaire ».
« Il faut quand même rappeler que M. François Fillon était Premier ministre de Nicolas Sarkozy, et était celui qui a mis en œuvre la réintégration de la France dans l'Otan […]. Il est embarrassé sur ce qu'il peut dire parfois, en reprenant des accents gaulliens sur la grandeur de la France, et sa pratique concrète d'homme politique ».
Marine Le Pen se répète, « personne ne décide à notre place », il faut « maitriser les frontières ». Sur l'armée, pour 2018, elle veut consacrer 2 % du PIB, grimpant à 3 % à la fin du quinquennat. « Une industrie militaire, c'est fondamentale », insiste-t-elle, tandis que François Fillon lui rétorque que c'est irréaliste.
« Une fois qu'on a décidé du rôle à faire jouer à la France dans le monde, on se dote des moyens nécessaires pour mener à bien cette politique, 2 % ou 2,5 %, mais nous on préfère cette manière-là, plutôt qu'une manière comptable qui ne dit pas à quels objectifs seront alloués ces dépenses. Mme Le Pen se retrouve tout à fait étonnamment avec Benoît Hamon, qui lui aussi souhaite un budget à 3 %, je crois que c'est pour complaire aux États-Unis du côté de M. Hamon et renforcer les capacités de la France dans le cadre de l'Alliance atlantique ».
« Certain candidat, par automatisme, s'offusquent quand on parle de la Russie. Nous avons une vision pragmatique. Nous ne soutenons pas Vladimir Poutine […], nous ne sommes pas Russes et les autres candidats non plus, ni ne sommes Américains. Et la Russie et les États-Unis, comme tous les États, doivent être considérés pour ce qu'ils sont, des entités géopolitiques, avec lesquelles la France discutent et défend ces intérêts », conclut Djordje Kuzmanovic.