Villepin: la France a trop recours au «bouton militaire»

© AFP 2024 Franck FifeVillepin
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L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui publie ses «Mémoires de paix pour temps de guerre» donnait une conférence mardi 7 mars sur l’état du monde et ses exigences diplomatiques. Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, la France, dont l’influence est en baisse, doit se ressaisir.

« Ce qui paraît impensable devient possible », averti Dominique de Villepin. Le vote du Brexit, l'élection de Trump, autant de scénarios dont on ne voulait pas entendre parler, mais que l'ancien Premier ministre avait prédit, une fois de plus. Chef de file de « République solidaire », mouvement créé afin de récolter des fonds pour sa candidature à la présidentielle de 2007, Dominique de Villepin est resté dans l'histoire pour son discours devant l'ONU, qui dénonçait les risques de l'intervention en Irak de Georges Bush. Dix ans plus tard, toujours animé par les questions internationales, l'ancien ministre des Affaires étrangères (2002-2004), publie ses « Mémoires de paix pour temps de guerre ». L'occasion pour lui de livrer, lors d'une conférence donnée le 7 mars, une parole publique devenue rare.

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Ne se bornant pas à dérouler des critiques, « car le principal souhait qui nous intéresse c'est l'avenir, c'est la paix », l'ancien Premier ministre (2005-2007) s'interroge sur l'état des relations internationales et sur les exigences de la diplomatie, à une période de « désoccidentalisation », de pertes de valeurs à « l'avantage des autres ». La France peine à être audible et a « laissé se détériorer ses relations avec la plupart des puissances et des régions ». Comment a-t-on fait pour que la Russie se jette dans les bras de la Chine et la Turquie dans les bras de la Russie, s'interroge-t-il.

« La diplomatie est un art difficile. Et je crains qu'il n'y ait eu un certain nombre d'occasions manquées », déclare l'ancien ministre des Affaires étrangères, au sujet de l'action diplomatique menée durant le quinquennat de François Hollande. L'erreur fondamentale et récurrente, c'est pour lui l'idée que l'on peut changer un régime de l'extérieur et par la manière forte, comme ce fut le cas en Irak, en Libye.

« Quand on estime que le régime doit changer, on rentre dans un logiciel infiniment déstabilisant. Les effets collatéraux induisent à l'effondrement des États, élément de stabilité qui n'est pas pris en compte par les politiques. »

La France, « égarée », doit sortir du silence diplomatique dans laquelle elle est plongée et reconnaître sa « part de responsabilité dans les errements de la communauté internationale ». De puissance d'équilibre, elle est « passée à puissance de déséquilibre, toujours sur la défensive, toujours hésitante, toujours alignée sur celui qui parle de plus fort », déplore le diplomate.

« Le principal souhait, c'est qu'on rétablisse la primauté du politique et en particulier par rapport au militaire. Je crois que ce n'est pas désobligeant que de dire que le politique doit éclairer, doit pouvoir ouvrir un certain nombre de possibles. »

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Dominique de Villepin ne cache pas son scepticisme sur l'efficacité de l'intervention militaire française au Mali. Mettant en garde contre un « esprit de guerre » et contre les dangers de l'« engrenage de la force », le diplomate condamne ce recours facile « au bouton militaire », préférant les interventions ponctuelles et limitées. Le dispositif mis en place « induit des messages politiques lourds de conséquences », dans cette zone minée par le terrorisme islamiste, au service d'un gouvernement qui « prend le soutien » et finit par se moquer « du message de la puissance intervenante ».

« La demande du militaire français, c'est qu'on lui dise quelle est la mission, quel est l'objectif. À partir de là, on fera ce qu'il faut pour atteindre cet objectif. Malheureusement, on s'est trop souvent satisfait de l'usage du bouton militaire. »

Grand promoteur de la paix et du dialogue sur la scène internationale, Dominique de Villepin enjoint la France à retrouver une « position clé », à revenir « à la politique, à la diplomatie ». Quel candidat serait le plus à même de remplir cette mission? Dominique de Villepin, qui ne cache pas, par ailleurs, sa sympathie pour Emmanuel Macron, n'a pas été loquace à ce sujet. 

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