La France serait-elle devenue « l'homme malade de l'Europe » pour nos partenaires diplomatiques? C'est en tout cas le constat, pour le moins alarmant, que dressent des diplomates français. Dans une tribune signée du « Club Vauban » et publiée lundi 20 février dans les colonnes du Figaro, un groupe de diplomates — d'identité et de rang inconnus — sortent de leur devoir de réserve pour fustiger la politique qui fut exigée du quai d'Orsay sous le quinquennat Hollande.
Les diplomates s'interrogent sur l'utilisation des fonds du Quai d'Orsay pour l'organisation de Galas, l'entretient d'ambassadeurs « thématiques » ou des correspondants « genre » au sein des ambassades alors que « seuls deux agents sont en charge du Brexit! », dénonçant le « dévoiement » de leur métier. Ils appellent à recentrer leurs missions sur leur cœur de métier: à savoir « éclairer nos autorités sur la réalité telle qu'elle est », « rapporter sans parti pris ce dont on est témoin » et non pas « tricher avec les faits pour complaire au pouvoir ».
D'ailleurs, s'il souligne que les cinq dernières années ne sont pas à l'abri de toute critique, le haut fonctionnaire pointe du doigt les prises de position partisanes de l'appel du Club Vauban. Il faut dire que la tribune n'appelle pas seulement à prendre de la hauteur ou a « refuser la démagogie », mais également à voter François Fillon, laissant peu de place à l'impartialité qu'on pourrait justement attendre de notre personnel diplomatique, qui plus est après un tel réquisitoire: « c'est un sujet étranger […] à une véritable analyse de la diplomatie française sur la période » s'étonne notre ex-diplomate.
La tribune souligne que la France n'est plus invitée à la table des négociations sur la Syrie. Un cas de figure qui l'on avait pressenti à l'occasion des pourparlers préliminaires à Genève, organisés par les Américains et les Russes. Un hors-jeu quasi-intentionnel qui s'est confirmé lors des pourparlers d'Astana. Pourtant, Sergei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, avait convié son homologue français, qui avait décliné.
« Nous n'avons nulle part un rôle véritable: nous parlons beaucoup, nous nous prononçons sur tout, mais cela n'est pas suffisant » relevait-il encore, des propos qui trouvent un certain écho dans la tribune du club Vauban: « nous passons notre temps à effectuer les démarches les plus futiles auprès de nos partenaires étrangers, renforçant une image bien ancrée de donneurs de leçons et d'arrogance, » ou encore « Plus les résultats sont mauvais, plus nous sommes priés de jouer aux illusionnistes afin de donner le change » dépeignant le Quai d'Orsay comme un « gigantesque moulin à paroles ».
Cependant, on remarquera dans leur tribune l'absence assourdissante du cas libyen. Que penser également de la place réservée à la Syrie? François Nicoullaud relate les erreurs, dont nous payons toujours les conséquences, et entérinées sous l'ancienne législature. Par exemple le dossier syrien:
Quelle que soit la tournure que prendra la prochaine élection présidentielle, la tendance prendra du temps à être inversée, l'ancien diplomate souligne « on ne renverse pas ce genre de situation en quelques mois », évoquant une stratégie qui se développe sur plusieurs années. En somme, le gros de la crise n'est-il pas encore devant nous?