Le quotidien Le Monde a mis en place un outil numérique de lutte contre les fake-news, le « Décodex », permettant d'analyser si la source d'information est fiable ou non. Or, il s'avère que l'outil de dépistage des sources de fausses infos affiche des failles. Sinon comment expliquer qu'Al Jazeera, cette chaîne de télévision arabe qui s'est vue à plusieurs reprises accuser de partialité dans la couverture des événements, est classée dans la catégorie « verte » ? Sputnik, faut-il le préciser, est rangé dans la catégorie des sites « imprécis et sans vérification ».
Une fiabilité ordonnée
Il parait que l'outil ne trie pas en fonction de la fiabilité, mais des positions « compatibles » avec les idées mainstream ou non. Puisqu'Al Jazeera a été abordée, comparons la fiabilité de couverture de la crise syrienne.
Quant à l'impartialité, on peut soupçonner que la chaîne « présente des informations favorables » (formule de Décodex) à son propriétaire. Ainsi, en 2012, des journalistes de la version anglaise du site ont accusé leur hiérarchie de les avoir obligés à inclure un discours de l'émir du Qatar dans une vidéo montrant des débats sur la question syrienne à l'Onu. Selon les journalistes, l'intervention de l'émir n'était pas nécessaire car elle ne faisait pas partie des extraits les plus intéressants, mais son inclusion visait à valoriser le rôle du Qatar.
« Décodex » version Sputnik
Et bien sûr la chaîne France 2, qui a illustré l'année dernière son reportage vidéo sur les frappes aériennes françaises en Syrie avec des extraits de vidéos du ministère russe de la Défense montrant l'aviation russe, complète le palmarès des sources fiables et dignes de confiance.
Un média « désorienté »
Quant au Monde lui-même, il a fait de Sputnik une de ses cibles privilégiées, le qualifiant d'outil de propagande qui cherche à « saper la confiance dans les autorités démocratiques occidentales ».
Prenons encore une fois le conflit syrien. Les correspondants de Sputnik, ce site qui, selon Le Monde « propage régulièrement de fausses informations », se rendent sur place en Syrie, tournent des vidéos pour appuyer leurs propos, au lieu de prendre pour argent comptant les informations relayées par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé à Londres, source tant citée par Le Monde lui-même à l'instar des médias mainstream.
La prétendue neutralité et l'envie de se positionner en juge sont en fait dérisoires et ressemblent à de vaines tentatives du quotidien de retrouver l'influence dont il bénéficiait jadis, considère Elisabeth Levy, fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur, un magazine d'actualité connu qui favorise le pluralisme des idées et une certaine neutralité de ton.
Et d'ajouter que la modération n'était pas une qualité journalistique : « Le Monde a une idéologie, il a parfaitement le droit de l'avoir, ce qu'on aimerait c'est que parfois il le reconnaisse. Toute cette affaire de décodage est parfaitement déconnante. Je pense que si j'avais une pastille verte, je serai déçue. Alors ils ne m'ont pas mis de pastille du tout ».
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