L'accord de coopération de défense renforcée signé en 2014 entre les Philippines et les États-Unis (EDCA) sera appliqué intégralement, a assuré la semaine dernière le secrétaire philippin à la Défense, Delfin Lorenzana, alors que moins de deux jours plus tard, le fougueux président philippin Rodrigo Duterte a lancé une accusation fracassante à l'endroit de Washington.
M. Duterte a notamment accusé l'administration américaine de construire des installations militaires permanentes dans son pays et ce, sans en avoir demandé l'autorisation, ajoutant que cela constituait une violation de l'accord bilatéral et compromettait la sécurité des Philippines.
« Toutes ces déclarations contradictoires montrent à quel point est difficile la tâche des décideurs politiques sur les Philippines, que ce soit à Washington ou à Pékin. Tout porte à croire que tant les Américains que les Chinois ont déjà compris qu'ils n'auraient pas le monopole du partenariat avec Manille », a déclaré à Sputnik l'expert du Centre russe de recherches stratégiques, Anton Tsvetov, commentant les perspectives d'évolution des relations de Manille avec Washington et Pékin.
Et d'ajouter que le pragmatisme du président philippin était facile à comprendre, mais qu'il devrait aussi se rendre bien compte qu'il serait extrêmement difficile d'organiser une étroite coopération militaire et technique parallèlement avec les États-Unis et la Chine.
« Dans le même temps, il serait très dangereux pour Manille de jouer sur la jalousie de ses partenaires et ce, d'autant plus que ce sont justement les Philippines qui ont grand besoin d'aides extérieures, tant économiques que militaires », a relevé M. Tsvetov.
Le président philippin a violemment protesté contre le stockage d'armes américaines aux Philippines, rappelant que l'accord sur les forces visitantes ne prévoyait aucune infrastructure américaine permanente dans son pays.
« C'est une structure permanente de stockage de munitions. (…) Je ne sais même pas s'il y a un missile nucléaire là-bas et ce qu'ils déchargent», a fulminé M. Duterte, réitérant que la construction d'un dépôt et le stockage de munitions dans son pays était un danger pour les Philippines et son peuple, mais que les troupes américaines pouvaient encore mener des exercices militaires conjoints avec les forces armées philippines.
L'expert relève que de telles manœuvres verbales, à ce point brusques, étaient déjà devenues typique du style politique du président philippin qui effectue des volte-face pratiquement tous les huit jours.
« Il est évident que, pour le moment, M. Duterte n'entend pas résilier l'accord avec les États-Unis, mais peut sans doute le revoir », a estimé l'interlocuteur de l'agence.
Selon ce dernier, on pourrait croire après les accusations retentissantes à l'endroit de Washington que les Américains seraient perdants, mais Pékin aurait lui aussi énormément de difficultés avec les Philippines.
« Bien que les événements évoluent à présent plutôt en faveur de Pékin, rien n'empêche un revirement de la situation (…). Il est fort peu probable que la Chine trouve un partenaire fiable en la personne de M. Duterte en cas de crise réelle », conclut l'expert.
Suivez Sputnik sur Telegram pour ne jamais manquer les actualités les plus importantes grâce à nos sélections du matin et du soir. Pour recevoir les actualités de notre chaîne, il suffit de télécharger l'application Telegram sur n'importe quel smartphone, tablette ou ordinateur puis cliquer sur le lien et appuyer sur « Join »