Willy Wimmer est l'ex-vice-président de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l'ex-secrétaire du ministère allemand de la Défense.
Dans une interview pour Sputnik, l'homme politique indique qu'il ne voit rien d'étonnant dans le fait que les médias mainstream diffusent des informations fausses sur la situation à Alep car cela fait longtemps que ces médias se font les relais de la politique militaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique nord (Otan).
- M. Wimmer, mardi, l'Organisation des Nations unies a publié un rapport où elle affirme que des massacres, des kidnappings et des tortures de civils par les forces gouvernementales syriennes se déroulent à Alep-Est. On ne sait pas vraiment d'où proviennent ces informations. Le rapport ne présente qu'une référence à « des sources ». Quel commentaire peut-on faire sur ce rapport ?
Compte tenu de cette expérience, il faut se rappeler que c'est un schéma « général ». Ainsi, j'évoque le Comité international de la Croix-Rouge, parce que, de mon point de vue, ce n'est pas bon quand le sponsor principal de cette organisation importante sont les États-Unis, et la participation des pays européens ne compte que pour un ou deux pour cents. Quand il est vraiment nécessaire de savoir ce que se passe dans les différentes parties du monde, l'auditoire doit se rappeler que ces rapports sont honnêtes. Cependant, l'expérience des 20 dernières années montrent que ces attentes, de manière générale, ne sont pas réalistes.
- Que veut l'Onu actuellement ?
- Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déjà réagi au rapport en indiquant que les organisations présentes sur place ne peuvent pas confirmer les actes de barbarie mentionnés dans le document. Cependant, les médias mainstream continuent de diffuser le rapport de l'Onu, ne le mettant pas en cause. Qu'en pensez-vous ?
— C'est « une chanson militaire » de l'Occident que nous entendons depuis 1999 et depuis la guerre contre Belgrade. Les médias mainstream sont orientés pour soutenir activement la politique militaire de l'Otan ou des puissances militaires que sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Les médias ne réservent plus de place aux doutes qui y auraient été présents dans le cas de phénomènes pareils. Nous voyons également des organisations comme l'Observatoire des droits de l'homme basée au Royaume-Uni, ou les « Casques blancs », qui sont considérées sur la scène internationale comme des organisations humanitaires, mais il existe des doutes concernant les bêtises de l'Occident. Bien sûr, ça perturbe la confiance internationale, la population ne fait plus confiance aux gouvernements.
- Dans son article, l'auteur du site NachDenkSeiten Albrecht Muller a également montré en détails comment la couverture mainstream des évènements pouvait être unilatérale. Par exemple, le Spiegel Online et d'autres médias ont publié une vidéo avec des appels au secours d'habitants d'Alep qui auraient été soi-disant entendus mais dont l'authenticité n'a pas été établie et cela, alors que les caméras russes de surveillance diffusaient l'évacuation de la population civile et d'insurgés en temps réel. Comment les médias allemands peuvent-ils refléter un tel déséquilibre ?
S'il y a deux ans, pour la première fois dans l'histoire allemande contemporaine, le bureau de la chancelière fédérale avait attiré l'attention sur l'utilisation de soi-disant spin-docteurs, tout le monde aurait pu en comprendre les raisons. Qui peut encore les croire aujourd'hui? Personne, ils ne croient plus en eux-mêmes non plus !
- En réponse à la demande de Sputnik, les auteurs du rapport de l'Onu ont refusé de nommer leurs sources, invoquant la sécurité de ces dernières. Face à des accusations aussi sérieuses, l'Onu ne devrait-elle pas rendre publiques ses sources ?
- Au sommet de l'Union européenne à Bruxelles, la chancelière Angela Merkel a directement accusé la Russie et l'Iran de crimes. Peut-elle se le permettre aujourd'hui ?
— Apparemment, cette dame peut tout se permettre. Mais il suffit d'écouter la société allemande pour comprendre qu'ils ne suivent pas ces déclarations. Cela est également lié au fait qu'en Allemagne, ainsi que dans d'autres pays européens, tout le monde sait que ce sont les Américains, les Britanniques et les Français qui ont, avec leurs services spéciaux, jeté de l'huile sur le feu en Syrie de telle sorte qu'on est désormais face à un conflit qui dure depuis cinq ans.
Où était la chancelière allemande quand tout a eu lieu, sans nul doute, avec le soutien de nos partenaires dans le bloc ? Où Angela Merkel a-t-elle appelé à renoncer à ces activités honteuses ? Et il faut encore dire la chose suivante : ceux qui sont responsables des guerres menées en dépit du droit international, comme Tony Blair, eux, ils sont désormais les représentants européens pour la région au Proche-Orient. Cela signifie que la perversion devient un système chez nous. Et ici, on se demande bien ce que Mme Merkel a fait pour que le premier ministre britannique soit traduit devant la Cour de La Haye. C'est le point de départ du développement que nous observons aujourd'hui. Et beaucoup d'habitants en Allemagne partagent cette opinion.
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