Une journaliste US sur la Syrie: les médias mainstream déforment la réalité

© AFP 2024 KARAM AL-MASRI Alep
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Quand les médias mainstream parlent de la crise syrienne, ils proposent une version trop éloignée de la réalité, estime la journaliste US Rania Khalek dans une interview accordée à Sputnik. Par ailleurs, en sponsorisant les médias engagés, les États-Unis et le Royaume-Uni génèrent de la propagande censée persuader la population.

La journaliste américaine Rania Khalek attire l'attention sur une révélation récente basée sur les courriels présentés au site AlterNet par un reporter proche-oriental, révélation qui a montré qu'un grand média syrien d'opposition et source fréquente pour les médias mainstream était financé par le gouvernement britannique.

Médias mainstream : la vision altérée de la situation syrienne

Selon Mme Khalek, les médias mainstream ont intentionnellement créé une histoire alternative du conflit syrien et ont ainsi proposé une vision trop éloignée de la réalité.

« Le grand nombre de messages que vous voyez dans les médias connus, tels que le New York Times, et à d'autres, plus progressifs, se basent dans leurs reportages sur des sources qui se sont installées dans les régions contrôlées par l'opposition et les combattants. Ces deux termes, l'opposition et les combattants, sont arrachés de leur contexte : qui sont ces gens-là, les intérêts de qui représentent-ils ? » indique Mme Khalek dans une interview accordée à Sputnik.

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Elle précise que l'opposition en Syrie, et en particulier dans la ville d'Alep, est formée de multiples groupes armés qui répondent à un grand nombre d'appellations différentes. Plusieurs groupes, dont le Front al-Nosra, sont parmi les plus dangereux. Ce sont des djihadistes qui partagent la même idéologie qu'al-Qaïda et d'autres groupes terroristes, déclare Mme Khalek.

« Et quand vous entendez dans les reportages des médias mainstream la phrase : "selon les activistes de la partie est de la ville d'Alep", c'est une déclaration fausse. Vous ne pouvez pas travailler en tant qu'activiste dans une région contrôlée par al-Nosra », explique Mme Khalek.

Elle précise que les combattants contrôlent le flux d'informations et les journalistes sont obligés d'obtenir une permission pour la publication auprès des groupes armés, à savoir, auprès al-Qaïda. Dans le même temps, une question se pose : qui sponsorise les sources qui fournissent des informations ?

La Syrie souffre des conflits et de la propagande

Mme Khalek indique qu'il existe un grand réseau qui engage les activistes et les agences d'information qui ont fait leur apparition dans ces régions de manière soudaine. La journaliste précise que les pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite et le Qatar, sponsorisent le tout.

« Les États-Unis et le Royaume-Uni sont aussi impliqués dans la sponsorisation de ces groupes. Washington essayait de sponsoriser directement des médias de ce genre qui sont basés en Syrie et ailleurs, les objectifs du ministère britannique des Affaires étrangères étaient les mêmes », souligne Mme Khalek, en ajoutant qu'il s'agit d'un mécanisme de sponsorisation de la propagande.

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En évoquant la situation actuelle en Syrie, la journaliste indique qu'il est important de comprendre qu'entre 70 et 80 % de la population syrienne habite dans les régions contrôlées par le gouvernement parce qu'ils n'aiment pas l'opposition syrienne et ne veulent pas la voir au pouvoir.

« Et la plupart des personnes avec lesquelles j'ai parlé considèrent les activités des groupes armés comme intolérables. Et elles ne voient même pas de différence entre eux. Pour elles, tous ces groupes sont les mêmes : l'État islamique, al-Qaïda. Notamment pour les personnes qui ont été confrontées à ces groupes personnellement », explique Mme Khalek.

L'enfer apporté par les terroristes dans la ville d'Alep est la terrible réalité du quotidien de la population locale, indique la journaliste. Quand les médias qualifient les régions contrôlées par l'opposition de « régions libérées », ils sont loin de la réalité, parce qu'il ne s'agit pas d'une libération, ce n'était pas la volonté des habitants locaux, conclut Mme Khalek.

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