L'accord enregistré entre la Russie et l'Arabie saoudite sur la réduction de la production de pétrole a valu à Riyad des critiques virulentes de la part des médias américains et britanniques qui n'ont même pas hésité à livrer le scénario haut en couleur d'une guerre interconfessionnelle et du renversement de la dynastie au pouvoir dans le royaume.
Les Américains et leurs alliés occidentaux n'apprécient manifestement pas que l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et la Russie aient su trouver des intérêts communs face aux États-Unis.
Dans une interview accordée à Sputnik, l'analyste iranien Hassan Hanizadeh, par le passé rédacteur en chef de MehrNews et spécialiste des problèmes du Proche-Orient, donne un scénario encore plus lugubre de l'avenir de la dynastie au pouvoir en Arabie saoudite.
« En l'absence de toute structure démocratique, l'Arabie saoudite est en permanence menacée de renversement du pouvoir en place. D'autre part, nul n'ignore que les États-Unis et les pays occidentaux considèrent le royaume comme leur allié et leur principal trésorier-payeur. Jusqu'ici, l'argent saoudien n'a servi que les intérêts des Américains et de leurs alliés, mais avec la chute des prix du brut et celle du budget du royaume, ce trésorier arabe perd de sa valeur », a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que les États-Unis n'avaient jamais d'alliés permanents dans leur politique extérieure.
« A chaque fois que Washington s'aperçoit d'un affaiblissement matériel d'un allié qui ne peut plus financer les scénarios et les projets américains, il s'en débarrasse sans hésiter », a expliqué l'expert.
Il souligne par ailleurs qu'il n'y a même pas de notion de « Constitution » dans le système du pouvoir en Arabie saoudite, alors que les clans dirigeants se comportent en véritables despotes avec d'autres habitants du royaume, notamment les cinq millions de chiites.
« Bien que les chiites habitent dans l'est du pays, région la plus riche en pétrole, leurs droits sont sévèrement bafoués et les 6 000 princes saoudiens s'y approprient 60 % des revenus pétroliers », constate M. Hanizadeh.
Selon ce dernier, tout revers politique ou économique ainsi que la dépense de 60 milliards de dollars (57,6 mds EUR) dans des frappes sur les civils au Yémen peut faire s'effondrer à tout moment le régime saoudien chancelant et précaire.
« Bien des analystes sont persuadés que l'année 2017 peut devenir celle de l'effondrement du clan au pouvoir en Arabie saoudite, encore que la chute de la dynastie al-Saud risque d'être bien pire que celle du shah d'Iran en 1979, car elle risque de déclencher une guerre civile très sanglante à travers tout le royaume », a relevé l'interlocuteur de Sputnik.
Il n'a pas par ailleurs exclu une lutte acharnée entre d'innombrables prétendants au trône, assoiffés de pouvoir et soutenus chacun par une tribu entière.
« Si les événements évoluent selon ce scénario, l'hostilité intestine des tribus ne manquera pas de dégénérer en guerre civile », a conclu l'expert.
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