L'Opep se réunira de manière informelle le 26 septembre en Algérie pour évoquer un gel des volumes de production.
Téhéran 2016
Le marché, qui a d'abord réagi de manière très positive à cette annonce, a commencé à refroidir ses ardeurs après la publication du document. Le lendemain, le baril de Brent a chuté jusqu'à 47,3 dollars, soit de 0,7% (à13h20, heure de Moscou le 6 septembre).
"La réaction immédiate du marché était trop optimiste", a noté l'analyste d'IFC Markets Dmitri Loukachov, qui explique qu'aujourd'hui les prix ne sont plus influencés par l'Arabie saoudite ou la Russie, mais par l'Iran.
"La situation est intéressante: les réserves pétrolières de l'Iran sont 1,5 fois supérieures à celles de la Russie et 1,5 fois inférieures à celles de l'Arabie saoudite. Autrement dit, la Russie est quelque part au milieu. Sachant que la production iranienne dépasse les 4 millions de barils par jour, alors que la Russie et l'Arabie saoudite affichent ensemble presque 11 millions de barils par jour. Il est logique que dans cette situation Téhéran se sente désavantagé et souhaite augmenter sa production. Tout le monde a conscience du fait qu'une telle décision serait susceptible de provoquer un véritable crash des quotas pétroliers", commente l'analyste.
Déclaration de stabilité
Premièrement, les ministères de l'énergie des deux pays ont reconnu qu'il fallait contenir la volatilité excessive du marché pétrolier. A cet effet les hauts fonctionnaires ont convenu d'agir ensemble ou en coopération avec d'autres producteurs d'hydrocarbures. Deuxièmement, la Russie et le royaume ont décidé de coopérer pour l'introduction de nouvelles technologies, l'échange d'expérience et d'informations. Troisièmement, les pays pourraient créer une banque de données commune des technologies avancées. Quatrièmement, en octobre 2016 Moscou et Riyad organiseront la première réunion du groupe de travail pour la coopération pétrolière et gazière.
"La Russie et l'Arabie saoudite ont seulement convenu d'élaborer des recommandations pour les actions et les mesures communes pour réduire la volatilité excessive du marché pétrolier. En d'autres termes, il n'y a pas de formulations claires sur la restriction de la production ni même une feuille de route. C'est pourquoi la réaction du marché a été brève et brusque", explique Ekaterina Krylova, analyste en chef de Promsviazbank.
Téhéran s'est joint а la déclaration de Moscou et de Riyad — ce n'est pas la première fois que le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh dit "soutenir toute mesure susceptible de stabiliser les prix", allant jusqu'au gel de la production. Mais visiblement, l'Iran n'est prêt à apporter son soutien que verbalement car le pays, qui doit regagner ses positions après les sanctions américaines et européennes, continue d'accroître sa production.
Une question de justice
Bien que l'effet positif de la déclaration russo-saoudienne s'estompe peu а peu, on entend de plus en plus parler ces derniers jours d'un "cours pétrolier juste".
Bijan Namdar Zanganeh a annoncé que pour l'Iran, il s'agissait de 50-60 dollars le baril. Côté russe, le cours pétrolier actuel "nous convient en principe", déclarait le 5 septembre le président russe Vladimir Poutine.
"Quant au prix idéal, c'est simple: il doit être juste. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, il devrait être légèrement plus élevé", a souligné le chef de l'état.
Les producteurs pétroliers ont donc trouvé un consensus concernant la situation tarifaire: l'or noir doit coûter plus que 47 dollars le baril comme c'est le cas aujourd'hui. Pour faire monter les prix il est nécessaire d'équilibrer le marché en ajustant l'offre — excessive à l'heure actuelle — à la demande.
Le Forum international de l'énergie se réunira le lundi 26 septembre en Algérie, en marge duquel on peut s'attendre à une rencontre informelle des pays de l'Opep autour du gel de la production. Plus tôt, au sommet de Vienne en juin, le cartel n'avait pas réussi à s'entendre à cause de la position de l'Iran qui avait refusé de limiter sa production en pleine croissance — tout comme en avril à Doha.
Un éventuel refroidissement
Alexeï Kalatchev, expert de la société russe Finam, pense qu'il est fort probable que l'Opep décide de geler la production lors de la réunion du 26 septembre, avec des clauses spécifiques au profit de l'Iran.
"Grâce aux bas coûts de production, les cours actuels permettent au pays de conserver sa part du marché mondial au détriment des pays au coût de production élevé. C'est pourquoi il est peu probable que ses représentants forcent le cours des négociations", affirme-t-il.
En cas de gel de la production du cartel au niveau actuel (30-31 millions de barils par jour), les cours pétroliers mondiaux se stabiliseraient à 50-70 dollars le baril, pronostique Dmitri Loukachov d'IFC Markets.
Toutefois, on peut s'attendre à tout s'il s'avérait impossible de trouver un terrain d'entente. Par exemple, Khaled al-Faleh a constaté que les conditions du marché pétrolier s'amélioraient de jour en jour, écartant peut-être la nécessité d'un gel.
Le directeur du département consulting d'IHS en Russie, Maxim Netchaev, ne croit pas du tout que le baril atteindra 100 dollars d'ici 2024. Selon lui, l'augmentation des cours sera liée à un rétablissement de l'équilibre offre-demande. "L'économie mondiale poursuivra sa croissance, la période de turbulences passera et l'excès de pétrole actuel sera consommé", déclare l'expert, qui rappelle que l'économie aura toujours besoin d'hydrocarbures. Autrement dit: il faut attendre et le prix du pétrole augmentera à nouveau.
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