La différence radicale d'approche sur le « dossier syrien » entre l'opposition et la majorité est évidente, confirme Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité de l'Europe.
Le président François Hollande ne fait pas exception, « preuve en est avec les différentes initiatives de paix qui ont été prises, notamment celle de samedi dernier sous l'égide du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, qui n'a invité qu'une seule partie des belligérants », a-t-il déclaré dans un commentaire à Sputnik.
Et de souligner qu'une telle approche entravait la quête d'« une solution globale à cette crise qui a malheureusement trop longtemps duré ».
Explicitée vendredi, la position de François Fillon consiste à dire que pour trouver une solution on ne doit pas favoriser l'une ou l'autre des parties, mais associer tous les acteurs au conflit, poursuit l'expert.
L'absence d'une voix unitaire au sein de l'UE l'empêche de « jouer son rôle de médiateur, se trouve marginalisée et se trouve de nouveau à faire des commentaires sur des négociations dans lesquelles elle ne sera pas associée volontairement », a en outre précisé Emmanuel Dupuy.
Un débat franco-français et sans effet réel
La division des hommes politiques français sur la Syrie est un débat surréaliste, l'attitude français sur ce pays proche-oriental n'ayant aucun rôle réel, constate dans une interview à Sputnik le député de l'Assemblée nationale Thierry Mariani.
« On voit bien que Bachar el-Assad reste ou parte, ça ne dépend pas du gouvernement français. Toutes les négociations se font entre les Russes, les Américains et aussi avec les Iraniens et les monarchies du Golfe. C'est-à-dire que nous, on est vraiment supplétif. Donc c'est une discussion un peu surréaliste parce que je pense qu'en Syrie on se pose beaucoup de questions sur la commission américaine, beaucoup de questions sur le soutien russe et iranien mais franchement, à mon avis, la position française ne traumatise personne », a-t-il déclaré.
La position française n'a pas d'importance, car la stratégie choisie s'est avérée inefficace, juge-t-il.
« C'est-à-dire à vouloir à la fois lutter contre les terroristes, renverser le régime d'Assad, ne pas envoyer de troupes et espérer que tout ça va être fait par l'opération du Saint-Esprit on finit par en réalité être totalement inefficace. C'est une discussion qui est franco-française qui à mon avis passionne la France, point final », a résumé M. Mariani.
Entre « réalisme cynique » et « angélisme mortifère »
Commentant la position de François Fillon sur la Syrie, Thierry Mariani a pointé qu'il était bien que quelqu'un en France ait enfin une position différente.
« En réalité la vraie nouveauté c'est qu'avec François Fillon on a quelqu'un qui essaye de faire en sorte que la France change un peu sa stratégie. Et si on veut à nouveau exister il faut changer de stratégie. Après on peut appeler ça du réalisme cynique, mais moi je préfère à la limite du réalisme cynique que de l'angélisme mortifère parce que depuis cinq ans on fait de l'angélisme mortifère. C'est-à-dire qu'à vouloir mettre tous les anonymes sur le même plan finalement on a une guerre civile. Je rajoute que c'était aussi la stratégie américaine, là je ne fais pas le procès que de la stratégie française, je fais le procès de la stratégie occidentale. L'Occident, à vouloir à la fois lutter contre les terroristes, lutter contre Assad — conclusion : on a la guerre civile », a expliqué le sénateur.
Ainsi, tant que la mort de milliers de personnes sera perçue comme un simple « dossier syrien » sur lequel on doit avoir une position de principe, et non pas la tragédie d'un peuple qu'il faut résoudre, les choses n'évolueront guère. Le changement d'approche s'avère être décisif, y compris pour l'image de la France.
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