Depuis hier, la presse française et qatarie (Al-Jazeera) relaient les bruits de « massacres », de « génocides » qui seraient perpétrés « à l'arme blanche » par l'armée syrienne dans les quartiers d'Alep-Est repris aux « rebelles ». Des articles, illustrés des vidéos Periscope, d'interviews Skype, de témoignages sur WhatsApp de « résidents » d'Alep-Est, qui ont fait leurs « adieux » en images.
« J'ai écouté France Culture ce matin, on nous présentait un habitant d'Alep Est qui se plaignait et on apprenait incidemment qu'il était inquiet parce que c'était un combattant islamiste d'Alep Est, mais ce n'était pas dit d'une manière volontaire, ou d'une manière évidente dans le reportage. »
Quant à Salah Ashkar, diplômé de l'université de la Révolution (ex. Université d'Alep), récemment interviewé par USA Today, celui-ci appelle dans une vidéo postée sur son compte Twitter et où il porte un gilet pare-balle « press »: « Tout le monde à Alep dépend maintenant de votre capacité à faire pression sur vos gouvernements pour qu'ils les protègent de la capture ou de la mort des mains du régime. »
Everyone in Aleppo city now is depending on you to put pressure on your governments to protect them from being killed or captured by regime pic.twitter.com/BkzdTxE4vw
— salah ashkar (@SalahAshkar) 13 декабря 2016 г.
Autre « résident d'Alep », mais sur lequel la presse est plus claire, notamment quant à son statut d'activiste, le professeur d'anglais Abdulkafi Alhamdo. Il faut dire que c'est ce qui apparaît au premier clic sur son compte Twitter toujours. « professeur, activiste et reporter, de l'intérieur d'Alep ».
Pourtant, depuis la percée de l'armée syrienne dans les quartiers « rebelles » d'Alep-Est, les vidéos d'adieu de ces « reporters » et autres témoins prétendument « impartiaux » ont fleuri sur la toile, des vidéos largement reprises par les médias français et par Al-Jazeera. Information ou désinformation?
Parlant d'Al-Jazeera, justement, Claude Chollet pointe du doigt le manque d'impartialité du média arabophone: il note toutefois une évolution dans la ligne éditoriale de la chaîne vis-à-vis des différents protagonistes de la guerre en Syrie, notamment vis-à-vis de Daech. Une évolution due au fait que le groupe djihadiste s'en est pris aux monarchies sunnites:
Un exercice de style auquel s'était déjà adonnée la chaîne lors des attentats du 13 novembre à Paris, évoquant un « instigateur » à l'origine d'attentats visant à ternir l'image de l'Islam, comme le rapportait dès le lendemain Courrier International.
Autre illustration du phénomène, Éva Bartlett, une journaliste canadienne indépendante était interpellée lors d'une conférence de presse ayant pour thème « Contre la propagande et le changement de régime en Syrie », organisée par la Mission permanente de la République syrienne auprès de l'ONU. Un confrère lui demande de justifier ses affirmations sur les mensonges médiatiques autour d'Alep. Dans une réponse cinglante, elle pointe du doigt le manque de sources fiables des médias occidentaux:
« Ces organisations s'appuient sur l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé au Royaume-Uni, une seule personne. […] Elles s'appuient sur des groupes corrompus comme les Casques Blancs. »
Passant en revue l'historique, de cette organisation fondée en 2013 par un ex-officier de l'armée britannique et finance par les USA et la Grande-Bretagne, elle souligne que « personne n'a entendu parler » des Casques Blancs sur les territoires aujourd'hui libérés où ils disaient être en activité.
« Ils ne sont pas crédibles, l'OSDH n'est pas crédible, les militants sans nom ne sont pas crédibles […] Vous n'avez donc pas de source sur le terrain. […] Comment peuvent-ils [les médias] continuer à dire que le gouvernement syrien attaque la population civile à Alep, alors que chaque personne qui revient de ces territoires occupés dit le contraire? »
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