Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson ne s’est pas montré très diplomate envers l’un des principaux alliés du Royaume-Uni en réalisant quelques commentaires inattendus lors d'une conférence organisée la semaine dernière à Rome sur le thème du dialogue méditerranéen.
« Il y a des responsables politiques qui détournent et abusent de la religion et des différentes branches de la même religion dans le but de poursuivre leurs objectifs politiques. C'est l'un des plus gros problèmes de toute la région », déclare Boris Johnson dans un enregistrement diffusé sur le site internet du quotidien britannique The Guardian.
« La tragédie pour moi (…) c'est qu'il n'y a pas assez de leadership fort », « pas assez de responsables d'envergure » prêts à « aller au-delà de leur (groupe) sunnite ou chiite », ajoute-t-il, avant de montrer du doigt Riyad, un allié stratégique de Londres dans la région, et à Téhéran.
« C'est pourquoi vous avez les Saoudiens, l'Iran, qui s'installent, jouent les marionnettistes et mènent des guerres par procuration », dit-il.
S'il est généralement reconnu que l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite se livrent des guerres par procuration dans la région, en Syrie et au Yémen, l'entendre dire par un diplomate occidental, surtout par un allié de Riyad, est une chose beaucoup moins répandue dans les cercles diplomatiques.
Interrogé à ce sujet, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est attaché à minimiser la portée des propos de M. Johnson.
« Nous sommes alliés avec l'Arabie saoudite et la soutenons dans ses efforts pour sécuriser ses frontières », a-t-il dit. « Prétendre le contraire serait faux et constituerait une mauvaise interprétation des faits. »
Boris Johnson, nouveau ministre britannique des Affaires étrangères du gouvernement de Theresa May, a accumulé au fil des ans les boutades plus ou moins drôles et souvent insultantes, allant jusqu'à décrire Hillary Clinton comme une femme au « regard bleu acier comme une infirmière sadique ». Il est également connu pour s’emmêler dans la géographie, ayant qualifié l'Afrique de pays, et pour oublier les noms des chefs d’Etat, dont la présidente sud-coréenne Park Geun-hye.